En circulant dans les villages de la plaine de la Messara, on peut voir encore, de-ci de-là, des « maisons-tours ». Il s’agit de « pyrgos », de tours de défense, témoins d’un privilège consenti par les Vénitiens dès le XVIe siècle aux nobles Crétois de la Messara. En contrepartie, les propriétaires de ces tours devaient entretenir un certain nombre de chevaux de guerre pour protéger la région de l’expansion turque.
Ces « pyrgos » reposent tous sur le même plan : un semi sous-sol sans ouverture auquel on n’accédait que par l’intérieur et où l’on stockait les provisions alimentaires ; le premier étage avec ses coffres à habits, armes, munitions… dans lequel on pénétrait par une porte surélevée à l’aide d’une échelle retirée la nuit ; le deuxième étage, destiné à la famille du seigneur, avec trois paires de fenêtres et un balcon unique.

Après la conquête ottomane du milieu du XVIIe siècle, ces maisons ont été réquisitionnées et occupées par les « aghas », officiers de l’armée turque à la retraite, sortes de « surveillants » des campagnes crétoises.

Sources: La vie rurale traditionnelle en Crète jusqu’au milieu du XXe siècle, catalogue de l’exposition des collections du Musée Ethnologique de Crète de Vori.