Dans l’Antiquité, on adorait sans doute une déesse mère en Crète, la « déesse minoenne » qu’on trouve sous différentes formes : déesse aux serpents, déesse aux pavots, colombe… Par contre, pas de grande divinité masculine.

Dans la mythologie, la Crète a connu des femmes très célèbres comme Pasiphaé, l’épouse de Minos, Ariane et Phèdre, leurs filles. Et dans la religion antique, on trouve également représentées des prêtresses et non des prêtres.

À l’époque des palais minoens, la femme est un des thèmes favoris des artistes crétois : sur les fresques de Cnossos, on peint des femmes et non des hommes, comme le montre la fresque de La Parisienne. Et selon l’archéologue Jan Dryssen, le trône de Cnossos serait celui d’une prêtresse ou d’une déesse.

La civilisation minoenne était donc sans doute féminine et bien entendu matriarcale. La femme semble autonome et elle est considérée comme l’égale de l’homme. Plutarque rapporte par exemple que les femmes assistaient habituellement aux Jeux.

Et dans la société contemporaine la femme est toujours omniprésente. Dans la lutte contre les Turcs et contre les nazis, les femmes ont participé à la résistance armée. Les exemples de femmes résistantes sont nombreux.

Au début du 19e siècle, la femme héritait de tout et sa dot restait sa propriété. Aujourd’hui encore, en cas de divorce, la femme reprend sa dot, et si le mari est responsable du divorce, elle a droit à une indemnité.

La mère est toujours encore le chef du foyer et tout le monde la respecte. De plus, la femme a un rôle « consultatif ». L’homme ne décide pas seul. Il consulte sa femme pour les travaux agricoles et pour les initiatives financières.

Voici ce qu’écrit Paul Faure au sujet de la femme dans Autrement, la Crète : « Et surtout, n’oubliez jamais les femmes de Crète dans vos enquêtes et vos récits. Ce sont elles, j’en suis sûr, qui maintiennent cette continuité de la culture, de la religion, de la morale à travers les millénaires de la civilisation crétoise. De la déesse mère des origines jusqu’à la Panagia, la « Toute sainte », de l’orthodoxie, le principe féminin anime toutes les traditions, bien plus que l’héroïsme des Courètes en armes ou des pallikares, terreur des Turcs. La femme en Crète ne se contente pas de sauver et nourrir ses enfants que Kronos engloutit un jour, d’entretenir le feu domestique et le feu sacré, de travailler plus dur que l’homme et d’épargner : nous l’avons vue, au cours de la Seconde Guerre mondiale, dépouiller les parachutistes abattus et faire le coup de feu contre l’envahisseur. Tendres icônes de la Vierge allaitant l’Enfant au tragique destin. »