Moni Odigitria et sa région

Le monastère d’Odigitria au cœur des Asterousia (photo:J-C Schwendemann)

 

Sources : Iera Moni Odigitrias et ses chapelles (Nikos Tsiknakis) ; édition de 2004

Traduction : Jean-Claude Schwendemann

Le monastère d’Odigitria, ses chapelles et ses ermitages occupent une grande partie de la chaîne des Asterousia qui peuvent être considérées comme les « Lieux saints de Crète » parce qu’ils ont été sanctifiés par un grand nombre d’ascètes, connus et inconnus, qui passèrent et vécurent dans cette région. C’est à proximité du monastère, à Kali Limenes, qu’arriva pour la première fois en 61 ap. J-C environ, l’apôtre Paul, conduit prisonnier à Rome

Le paysage aride des Asterousia (photo:J-C Schwendemann)

Cette région avec son climat chaud et le grand nombre de grottes accueillit de nombreux ascètes depuis très longtemps, peut-être depuis les premières années de l’histoire du monachisme (4e siècle).

Les Saints Eutichianoi vécurent près du monastère au lieu-dit « Agioi » vers la première période byzantine (peut-être au 5e siècle). Ioannis o Xénos (Saint Jean l’Etranger) commença sa brillante marche spirituelle depuis le mont Raxos, vécut à « Agioi » où il trouva les tombes des saints Eutichios et Eutichianos et où il construisit un sanctuaire en leur honneur aux environs du 10e siècle.

La grotte où vécut Agios Ioannis o Xénos, Saint Jean l’Etranger (Photo : J-C Schwendemann)

 

Saint Arsenios enseigna la « prière mentale » dans une grotte d’Agio Farago à Saint Grégoire le Sinaïte (13e-14e siècles). Ce dernier, avec son enseignement et ses écrits qui tiennent une place importante dans la Philocalie, l’a transmise dans tout le monde orthodoxe.

Au 19e siècle, les Saints Parthenios et Euménios, après avoir vécu dans ce monastère en 1862, se retirèrent comme ascètes à Martsalo avant de se rendre dans la partie orientale des Asterousia pour reconstruire le monastère de Koudouma.

Archéologie

D’après les fouilles archéologiques, la plus grande partie de la région autour du monastère a été habitée avant 4000 avt J-C. Plusieurs lieux ont été fouillés qui révèlent l’existence d’une grande civilisation.

Les principaux sites :

–          Kaka Pila (près de l’embranchement vers Agios Andreas) : petit habitat pillé.

–          Sous le lieu-dit « Agioi Eutuchianoi », petit habitat de la période des nouveaux palais (1700-1450 avt J-C), victime d’un important pillage. Cet habitat a été fouillé récemment (en 1993).

–          Au lieu-dit « Aloniou Kéfali », peu avant le monastère, coupé par la route, un des habitats minoens les plus importants de la région et auquel appartenait la nécropole qui se trouve immédiatement au-dessous.

–         Au lieu-dit « Chatzinas Liofito », un énorme pillage a permis la découverte de deux tombes à tholos avec des chambres en annexe. Le pillage a donné lieu à un grand trafic qui malheureusement a été classé après une grande péripétie judiciaire. Les fouilles datent de novembre 1979 et juillet 1980, interrompues par de nouveaux grands pillages. Malgré ces vols, le résultat des fouilles a été important. L’étude des trouvailles s’enrichit d’abondants renseignements sur la première civilisation brillante en Crète entre 2700 et 1900 avt J-C : une nécropole à deux tholos, un ossuaire, 5 chambres mortuaires carrées, une cour pavée pour les offrandes avec un autel fermé et une petite maison, et un enclos bas au Nord-Est. Résultat des fouilles : 300 vases en poterie des périodes MA II jusqu’à MM IB (3000 à 1800 avt J-C), un vase unique de la période ΜR ΙΒ (1510-1430 avt J-C), 30 vases en pierre, 52 sceaux, 25 outils en bronze, 20 talismans-amulettes en ivoire, 3 diadèmes en or, 12 pendentifs avec des centaines de morceaux de colliers de différentes matières et formes. En considérant ces trouvailles et celles qui ont été enlevées par des amateurs d’antiquités, il s’agit dans doute de la nécropole la plus riche des Asterousia et de la Messara avec celles d’Agia Triada et de Platanos de la période qui précède la construction des palais.

–        Au lieu-dit « Tou Skaniari to Lako », au Nord du Kéfali, des fouilles ont été entreprises après le pillage de 1962. Il s’agit d’une nécropole de la période des premiers palais. Nouveau pillage en 1967 suivi de nouvelles fouilles en 1994 et 1995. La nécropole est constituée de 5 tombes, 2 tholos et 3 lieux de culte à angles droits qu’on a trouvés pour la première fois dans le Sud de la Crète. Les amateurs d’antiquités ont laissé derrière eux des vases en poterie de différentes formes, 3 sceaux, quelques vases en pierre cassés, 2 petites haches en bronze et quelques dizaines de perles de colliers.

–       Au lieu-dit « Doukiania », sur une petite hauteur, a été localisé après pillage un grand   et important habitat minoen d’environ 1300 ans.

–       Au lieu-dit « Apothamenou to Lako », est répertoriée une maison néolithique (3500 avt J-C).

–        Au lieu-dit « Orthes Petres », est cité un étrange monument inexploré, peut-être un somptueux monument funéraire de la période gréco-romaine.

–        Au lieu-dit « Agou Mantra » à Vathi, le port occidental de la région, un habitat minoen partiellement fouillé.

–          Martsalo, riche en histoire et souvenirs, une région particulièrement en lien avec des manifestations de culte religieux de ses habitants. Un lieu important dans la période minoenne puisqu’il était le port du Sud de la région. Dans la partie occidentale de la plage se trouvait un bâtiment portuaire minoen fouillé récemment (1996). On y a découvert 2 pièces d’un grand bâtiment aux murs très solides avec des enduits de différentes couleurs, daté entre 1800 et 1600 avt J-C. Un site étroitement lié à Phaestos comme en témoigne la céramique. Parmi les découvertes faites jusqu’à récemment, une ancre en pierre d’une forme rare.

–         Au lieu-dit « Agia Kiriaki », on a découvert du côté Ouest une tombe en forme de tholos en face de l’église dans la caverne qui porte le même nom. A part la tholos, on a trouvé 3 chambres, une petite cour pavée et un enclos. Parmi les vestiges, des centaines de tessons de vases de toutes sortes de la période précédant les palais (antérieurs à 2000 avt J-C), un sceau en stéatite, des idoles en pierre, des outils en pierre, une perle, des dizaines de lames en obsidienne, des morceaux de bague en bronze et des idoles en céramique brisées.

–         Dans la gorge d’Agio Farago, au Sud-Est de l’église d’Agios Antonios, sur une hauteur, un habitat minoen et une tombe à tholos, transformée en autel de plein air à l’époque hellénistique. Un site victime de pillages.

–         Sur les hauteurs immédiatement à l’Est du monastère ont été localisés des bâtiments isolés d’époque minoenne.

–         La région montagneuse au Nord et à l’Ouest du monastère jusqu’à Vathi et au Kéfali est « parsemée » de maisons minoennes, de tombes et d’autres monuments d’autres époques.

 

Les premières années du christianisme

La région du monastère a été une des premières où s’est répandu et où a prospéré le christianisme. C’est l’apôtre Paul qui y a joué un rôle déterminant lorsque vers 60-61 ap. J-C il fut conduit enchaîné de Césarée à Rome…

 

Dans les siècles suivants, le christianisme connut un grand retentissement auprès des habitants de la région et de toute la Crète. S’en suivit très vite la réaction des Romains avec des grandes persécutions, sans grands effets concrets. Les persécutions les plus dures eurent lieu sous l’Empereur Maximianus de 303 à 311 ap. J-C. et sous le proconsulat d’Hadrien. C’est ainsi qu’en 304 Cyrillos, évêque de Gortyne et archevêque de Crète, fut tué d’un coup d’épée par les Romains pour avoir refusé d’adorer des idoles. Sa dépouille fut inhumée par les Chrétiens de la région dans la montagne près du sommet du Kéfali. Dès cette époque des premiers martyrs sous la domination romaine, le grand nombre de gorges (faranguis) et de grottes encouragea le monachisme et l’ascétisme particulièrement dans les régions d’Agio Farago, Martsalo et du lieu-dit des saints Euthichianoi.

 

La première période byzantine (330 – 824 ap. J-C)

On a peu de renseignements sur l’histoire de la Crète de cette époque. Peu d’événements historiques et culturels, mais les spécialistes rapportent que grâce au calme et à la prospérité dans toute l’île les habitants se livrèrent à des travaux pacifiques. Il est sûr que pendant cette période furent construits de nombreux monastères surtout dans des lieux isolés pour se protéger des incursions des pirates. Ce qui advint sans doute dans la région du monastère d’Odigitria sans que nous sachions où il a été construit. La seule information de ces années concerne à nouveau Raxos : l’évêque de Gortyne Euménios qui dirigeait l’église de Crète entre 668 et 680 et mourut très vieux fut enterré à Raxos près de la sépulture de l’évêque Cyrillos.

 

L’arabocratie (824 – 961 ap. J-C)

C’est la période la plus sombre de l’histoire de la Crète du point de vue historique et culturel puisqu’avec l’occupation des Arabes sarrazins commença une période noire qui dura 137 ans. Ces Arabes venaient de Cordoba en Espagne et étaient en fait des pirates dirigés par Abou Chafs Omar. Ils débarquèrent près du promontoire Charax qu’on suppose être l’actuel cap Lythino (Kéfali). Ils construisirent ensuite sur les ruines d’Heraklion une place forte entouré de remparts et d’un fossé extérieur (Handax en arabe), d’où le nom arabe Chandax de la ville. Une partie des murs de cette époque est encore conservée aujourd’hui entre les rues Dikaiosini et Dédalou. Depuis leur base de Chandax, ces pirates sarrazins semèrent la panique en Méditerranée et ils y rassemblèrent tous les butins de leurs razzias. Bien que nous n’ayons que peu d’informations sur cette période, nous savons que la plupart des églises furent détruites (ex : la basilique Saint Tite de Gortyne).  Peu d’informations aussi pour les monastères. Les Byzantins tentèrent à plusieurs reprises de reprendre l’île. Ce que parvint à faire l’Empereur byzantin Nicéphore Phocas en 961.

 

La deuxième période byzantine (961-1204)

La reconquête de la Crète par Nicéphore Phocas fut suivie de la réorganisation de l’île. Nicéphore Phocas organisa la défense et l’administration sur le modèle des autres provinces byzantines et il prit soin de raviver la religion chrétienne mise à mal par les Sarrazins.

Pour cette raison, il fit venir en Crète Saint Nikon le Métanoïte (930-998) et Saint Athanase l’Athonite (920-1003), le fondateur de la République monastique du Mont Athos, qui, avec Saint Jean l’Etranger, prêchèrent l’Evangile et ramenèrent de nombreux Crétois à la foi chrétienne.

Agios Ioannis o Xénos (Photo : J-C Schwendemann)

Pendant ces années et les siècles suivants, le monastère d’Odigitria commença à jouer un rôle important. La tradition orale confirme que la région du monastère devint le centre de la vie monastique et ascétique. Dans ces régions et celles alentour se réfugièrent de nombreux hommes qui désiraient fuir le monde pour se consacrer à Dieu. Ils ne pouvaient pas trouver d’endroit plus propice que cet environnement rude et sauvage.

Un exemple caractéristique : Saint Jean l’Etranger…

 

L’occupation vénitienne (1204-1669)

Après la 4ème croisade et la prise de Constantinople par les Francs en 1204, les territoires de l’Empire byzantin furent partagés entre les chefs des Croisés. La Crète revint à l’un d’eux, Boniface de Montferrat qui, à son tour, la vendit aux Vénitiens. Ces derniers furent devancés par les Génois avec l’aide du pirate Pescatori en 1206. Venise répliqua en envoyant ses bateaux, chassa Pescatori et prit la Crète en 1210.

Jusqu’à la fin de cette occupation en 1669, les Crétois se révoltèrent en vain contre les Vénitiens. Au début, Venise reconnut la religion orthodoxe et ne toucha pas au clergé, aux monastères et à leurs terres. Mais plus tard, à la demande du Pape, ils changèrent de politique, chassèrent le Métropolite orthodoxe et les évêques qui furent remplacés par un archevêque et des évêques catholiques.

 

Pendant ces premiers siècles de la « vénétocratie », le monastère des Saints Eutichios et Eutichianos dépendait du Patriarche d’Ethia, un village dont on ne connaît pas l’exact emplacement mais qui devait se trouver dans la région de Pirgiotissa et qui était le fief du Patriarche latin de Constantinople. Ce dernier s’était donc approprié ce monastère et les terres alentour.  Malgré leurs efforts, les Latins (catholiques) ne parvinrent pas à détourner les Crétois de leur religion. Les enseignements et les prédications des Saints Nikon le Métanoïte, Athanase l’Athonite et surtout Jean l’Etranger s’étaient enracinés dans l’âme des Crétois. Ce qui explique la présence d’une foule de moines et d’ascètes dans cette région. Leur activité liée à celle du clergé soutint l’orthodoxie et empêcha les efforts des Vénitiens contre le sentiment religieux de la population locale. Le cas du moine lettré Iofif Filagri est caractéristique : il vécut au 14ème siècle et développa pendant un certain temps une grande activité en Crète dans la région du monastère d’Odigitria.

A partir la moitié du 16ème siècle, la situation en Crète commença à changer. L’effort déployé par les Vénitiens pour contrôler le sentiment religieux des habitants de l’île tournait à l’échec. Naquit aussi la peur que le clergé et le peuple ne s’opposent pas à une éventuelle invasion turque. Cette réalité obligea les Vénitiens à être plus souples sur les thèmes politiques et religieux. Cela eut pour résultat la reviviscence du monachisme et la fondation ou la reconstruction de nombreux monastères. La plupart devinrent de grands centres consacrés aux lettres et aux arts, particulièrement à la peinture religieuse qui se développa à un degré suprême à cette époque. C’est alors que fut créée l’Ecole crétoise et que se révélèrent les plus grands peintres crétois avec de fameuses peintures d’icônes et fresques dans de très nombreuses églises. C’est à cette époque aussi qu’il faut situer la fondation du monastère d’Odigitria à l’endroit où il est aujourd’hui. A partir de ce moment-là, il devint le centre de toutes les activités religieuses de la région.

La Renaissance culturelle de la Crète ne fut interrompue qu’avec la conquête turque de la Crète qui commença en 1645 dans la région de Chania et en 1669 dans celle de Chandaka, l’actuelle Heraklion.

 

La turcocratie (1669-1898)

Avec la conquête de la Crète par les Turcs commence une nouvelle période sombre d’asservissement pour la Crète qui dura 229 ans à partir de l’occupation de Chandaka (Heraklion) jusqu’à l’expulsion du dernier soldat turc en novembre 1898.

Désormais, les Crétois, en plus d’une imposition abominable et de la terreur, eurent à affronter la sainte loi de l’Islam qui restreignait les sentiments religieux et interdisait la construction d’églises et la réparation des monastères. En général, la religion chrétienne était chassée impitoyablement.  La seule consolation était qu’avec l’éloignement des Vénitiens le Patriarche œcuménique de Constantinople restaura les évêchés de Crète qui avaient été occupés par les Latins (catholiques) et même avec les anciens noms des évêchés dérivés des noms des anciennes villes de Crète (Knossos, Gortyne et Arkadi, Lampis, Chersonnisos, Kissamos …). Dès l’occupation de l’île, les plus somptueuses églises (125 à Heraklion) furent transformées en mosquées et les autres en étables et entrepôts. Dans les trois grandes villes, les Crétois se virent attribuer une petite église. Les Crétois supportaient les punitions et le déshonneur. Les femmes et les jeunes-filles étaient obligées de se cacher pour ne pas être vues par les Turcs. Les hommes étaient corvéables par tout aga et tout janissaire et leurs biens étaient saisis impunément. L’islamisation était très souvent pressante et beaucoup se convertissaient volontairement à cause des lourdes impositions et des déshonneurs. Mais, parmi ces derniers, nombreux étaient ceux qui continuaient à être des cryptochrétiens, à se marier entre Chrétiens et à faire baptiser leurs enfants dans la foi chrétienne. Certains parmi eux étaient riches et puissants comme les Kourmoulides à Kouses qui aidaient les Chrétiens et jouèrent un rôle significatif pendant les différents soulèvements crétois.

Mais ceux qui portèrent sur leurs épaules le poids du maintien de la conscience nationale et religieuse des Crétois asservis étaient le clergé et les monastères qui devinrent les centres nationaux de l’instruction des Chrétiens avec les écoles secrètes qu’ils créèrent.

Pendant la durée de l’asservissement turc, les Crétois se soulevèrent maintes fois en essayant de recouvrer leur liberté et ils y réussirent finalement en novembre 1898 en obtenant d’abord l’autonomie de l‘île puis le rattachement à la mère Grèce en 1913.

Dans tout cet effort de maintien du sentiment national et religieux, le monastère d’Odigitria joua aussi un rôle important en étant le centre de la lutte nationale et religieuse de la région.

Le monastère d’Odigitria

(Photo : B. Diette)

Sa situation

Le monastère d’Odigitria a été construit dans un lieu qui domine toute la région avec un environnement aride, sauvage et serein qui incite à la vie monastique et à l’ascétisme.

Il a la forme d’une forteresse et ses bâtiments occupent une assez grande étendue. L’église qui se trouve au centre est à deux nefs. La nef Nord est consacrée aux Saints apôtres Pierre et Paul alors que la nef Sud est consacrée à la Dormition de la Vierge. Plus au Sud, se trouvent les vestiges d’une nef consacrée à Saint Fanourios dont il ne reste que les fondations et une tombe vénitienne. Certains soutiennent qu’autrefois ce monastère était mixte. Depuis plusieurs dizaines d’années, il n’accueille plus que des hommes. Juridiquement, il dépend de la Sainte Métropole de Gortyne et d’Arkadi, mais il est autonome par rapport au Patriarcat de Constantinople. D’après la vie de Saint Servios qui vécut sous l’empereur Heraclius (610-641 ap. J-C), un monastère de la Dormition de la Vierge est cité au Sud de la Crète à un endroit appelé « Vathmos ». Peut-être un monastère qui existait à cet endroit avant l’actuel.

 

L’histoire du monastère : sa fondation (légendes et traditions)

La fondation du monastère d’Odigitria se situe entre le 14ème et le 16ème siècle. Sans aucune certitude. Il est considéré comme l’un des plus vieux monastères de Crète puisqu’il est rapporté dans un écrit des archives ducales d’Heraklion de 1393 que Zaninus Cavalario demande que soit donnée l’autorisation au moine Varnava du monastère de la Kéra de Odigitria dans le Sud de l’île de se[JS1] [JS2]  rendre hors de Crète pour se faire ordonner abbé. Cette procédure était indispensable parce que sous l’occupation vénitienne l’église catholique avait chassé les évêques orthodoxes de Crète et que pour être ordonné il fallait qu’une autre personne demande l’autorisation pour ce futur prêtre de se rendre ailleurs en Grèce pour son ordination. Demandes qu’on trouve couramment dans les archives ducales d’Heraklion. D’autres écrits qui proviennent des archives de Venise des 16ème et 17ème siècles citent le monastère d’Odigitria.

Odigitria est également cité dans les recensements de la population crétoise. La première fois en 1900 dans la commune de Platanos avec 26 hommes et 2 femmes.

A partir de 1920, la population du monastère citée dans la commune de Pigaïdakia est la suivante :

1920 : 16 habitants

1928 : 30 habitants

1940 : 40 habitants

1951 : 33 habitants

1961 : 59 habitants

1971 : 15 habitants

1981 : 21 habitants

Chiffres qui selon les recensements comprennent des laïcs qui se trouvaient au monastère (des éleveurs de la région …).

De même, le Gouverneur général de Crète en 1571-1573 cite le monastère d’Odigitria parmi les plus riches de Crète.

Selon la tradition, existait déjà à cet endroit une tour qu’avait fait construire Nicéphore Phocas lorsqu’il réoccupa la Crète et en chassa les Arabes Sarrazins en 961.

La tour du monastère d’Odigitria (Photo : B. Diette)

On sait que la première préoccupation du général puis Empereur byzantin (963-969) fut la construction de différentes fortifications près des rivages pour protéger l’île des incursions ennemies. La tour d’Odigitria faisait partie de ces fortifications dans laquelle étaient installés des soldats des côtes proches. Lorsqu’ils se rendaient compte qu’approchaient des navires ennemis, ils avertissaient les habitants des villages voisins qui se cachaient dans les montagnes pour fuir les dangers. Au fil des siècles, l’ancienne tour s’écroula. Il en resta quelques pierres qui furent réemployées lorsqu’on construisit le monastère sous l’occupation vénitienne. En témoignent certaines meurtrières qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui.

Au sujet de la fondation du monastère, voici la légende que racontent les anciens :

À Leivadiotis, à côté de Pompia, vivait à l’époque vénitienne une famille très riche qui n’avait qu’une fille. Le père mourut et la mère resta seule avec sa fille. Cette fille grandit et fut sur le point de se fiancer avec le fils d’un riche seigneur d’Agia Varvara. En vue de la fête, la mère s’enquit auprès de son futur gendre du nombre d’invités afin de préparer les tables, les mangeoires pour les chevaux et les auges afin de faire boire les animaux. Hélas, la jeune-fille mourut subitement. La mère tomba dans une grande détresse, erra en pleurs dans les montagnes et les ravins de la région et pria la Panagia de lui dire que faire. Après de nombreux jours d’errance, elle s’arrêta à l’endroit où se trouve aujourd’hui le monastère. Au sommet d’une colline, au Nord-Ouest, elle trouva une petite caverne et y entra. Cette caverne existe toujours et porte le nom de la « caverne de la nonne » (της καλογρίας το σπηλάρι). Elle y resta de nombreux jours en implorant la Panagia. Soudain, elle vit une colombe blanche s’envoler de la caverne pour se poser à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’église du monastère. Elle trouva la tour byzantine à moitié en ruines et, riche comme elle l’était, la fit reconstruire. Par la suite, elle fit édifier un monastère pour femmes, lui donna le nom de Moni Odigitria, fit don de toutes ses terres et s’y installa. Elle prit le nom de Martha et aujourd’hui encore on rappelle son nom dans les liturgies, « Martha la nonne fondatrice ».

L’occupation vénitienne

Pendant cette période, Odigitria devint un centre spirituel d’un grand rayonnement et l’appui moral des Chrétiens orthodoxes de toute la région. Elle servit souvent d’école et on y installa une grande bibliothèque où selon la tradition de nombreux moines lettrés travaillaient et copiaient des manuscrits. Dans les archives de Venise sont conservés de nombreux écrits relatifs au monastère d’Odigitria. La plupart sont des actes d’achats et de ventes. Des écrits détaillés qui prouvent qu’il s’agissait d’un des plus grands et des plus riches monastères de Crète, comme le confirme le Gouverneur général de Crète de 1571 à 1573. Malheureusement, l’épanouissement spirituel et économique de ce monastère comme des autres de Crète fut interrompu par l’invasion des Turcs qui commença en 1645 et se termina avec l’occupation d’Heraklion en 1669.

La turcocratie

Il s’agit la période la plus tragique de l’histoire de l’île. L’oppression, la terreur et les humiliations du nouveau despote étaient indescriptibles. L’abominable fiscalité et les enlèvements de biens menèrent les Chrétiens à une situation misérable. Il en fut de même pour les monastères où était conservée la foi orthodoxe. De nombreux parmi eux furent obligés de vendre une partie de leurs biens pour subsister. C’est ainsi que le monastère d’Odigitria vendit en 1707 à un Turc un de ses terrains qui se trouvait dans la région de Livadioti.

Dans les premières années du 19ème siècle et jusqu’à la révolution de 1821, le monastère d’Odigitria servit de siège de nombreux résistants qui combattirent implacablement les Turcs avec l’aide et le soutien des moines. Le plus connu d’entre eux fut le fameux Xopateras. Après l’étouffement de cette révolution et la mort de Xopateras, les Turcs provoquèrent de grands dégâts au monastère et il fallut de nombreuses années jusqu’à ce qu’il se relève.

Le moine Xopateras

En 1834, le voyageur anglais Robert Pasleu parcourant la Crète écrivit dans son livre Voyages en Crète que certains monastères comme ceux d’Apezanes et d’Odigitria étaient mixtes, malgré les interdictions du 7ème Synode. En 1841, le Saint Synode de l’Eglise de Crète, en raison des grandes catastrophes endurées par le monastère et de la situation misérable dans laquelle il se trouvait, décida de le réorganiser.

La restructuration du monastère commença sous la direction de l’higoumène Cyril, originaire du village de Petrokefali où il naquit en 1785. Il se rendit au monastère en 1815 à l’âge de 30 ans et en devint l’higoumène en 1841. Il y introduisit l’office de Siggelos (8ème-9ème siècles). Il semble cependant que malgré ses efforts il ne put redresser le monastère.

En 1844, sous le Patriarcat de Germanos, le monastère obtint la bulle patriarcale 1844 et le qualificatif de « Stavropigiaki » qui distingue les monastères relevant directement du patriarcat de Constantinople par opposition à ceux qui relèvent des archevêques locaux.  L’original de cette bulle se trouve au monastère d’Agios Ioannis Kallergi à Kastelli Pediados ; la copie au monastère d’Odigitria.

Après cette obtention, le monastère commença doucement à se développer. Ses relations avec le Patriarcat œcuménique devinrent plus chaleureuses et aussitôt, dès l’année suivante (1845), le monastère commença à envoyer des présents et de l’argent au Patriarcat pour la constitution d’orphelinats, des subventions annuelles pour l’Ecole théologique, pour l’aide annuelle aux Chrétiens orthodoxes d’Heraklion et aux établissements d’enseignement orthodoxe et aussi pour l’édification d’Agios Minas à Heraklion.

Aussi longtemps que dura l’occupation de la Crète par les Turcs, le monastère assista médicalement et financièrement les résistants et participa lui-même avec ses propres moines aux soulèvements. D’après les archives du monastère, on donna le titre de « chef de guerre » à deux higoumènes : Gerasimos et Agathaggelos. Pendant le grand soulèvement crétois de 1866, le monastère d’Odigitria répondit présent en proposant des subventions, en stockant de grandes quantités de poudre et en envoyant ses propres moines au combat.

Pendant la durée de ce soulèvement, le fameux général Michaelis Korakas cacha dans le monastère ses filles et son fils mineur Aristotelis pour qu’il puisse rester assidu au combat.

Le 16 mai 1866, l’higoumène d’Odigitria Gerasimos prit part à l’assemblée des monastères de Crète à Arkadi. Gerasimos était un ami et un compagnon de guerre de Korakas et il était doté d’une énorme énergie guerrière. En 1865, il fut élu Procureur des Chrétiens du nome d’Heraklion. Il servit le monastère en tant qu’higoumène pendant de nombreuses années. Gerasimos apparaît dans de très nombreux écrits. Il en ressort qu’après la répression de ce soulèvement de 1866 les Turcs exigèrent du Patriarcat œcuménique qu’il relève Gerasimos de sa fonction d’higoumène. Il n’eut d’autre choix que de cesser d’être un higoumène révolutionnaire.

L’action du monastère d’Odigitria pendant le grand soulèvement crétois de 1866 à 1869 eut pour conséquence d’exaspérer les Turcs et de les attirer comme vers les autres centres de résistances pour des exactions et des catastrophes qu’ils n’avaient pas connues auparavant. Le monastère d’Odigitria fut détruit une fois de plus.

Malgré cette situation dramatique, le monastère ne tarda pas à se redresser à nouveau et à proposer ses précieux services à la lutte pour la libération. C’est ainsi que le 16 mai 1868 l’higoumène du Monastère d’Odigitria Agathaggelos Tsortzakakis prit part aux côtés du général Korakas à la bataille de Gazi contre les Tucs près d’Heraklion.

En août 1882, le vieux capétan Korakas sentant sa mort proche voulut visiter le monastère avec tous ses amis qui l’avaient tant aidé dans les soulèvements et particulièrement dans ceux de 1866 à 1869. Les moines d’alors et en premier l’higoumène Gerasimos Mandakis qui était originaire de Sivas et qui était un ami très proche l’accueillirent avec émotion. Il resta avec eux de nombreuses heures et ils se souvinrent du passé. Ils célébrèrent une messe de mémoire en l’honneur du moine Xopateras. Puis il visita les églises de Martsalo et d’Agio Farago et s’y prosterna avant de retourner au monastère. Il en partit quelques jours plus tard, malade. Il mourut le 7 septembre de la même année.

Le monastère d’Odigitria prit à nouveau part au soulèvement de 1897. On sait que le commandement général de cette bataille dans les provinces orientales de la Crète avait été confié au capitaine de l’armée grecque Aristotelis Korakas, le fils de Michaelis Korakas qui débarqua du bateau « Argolide » à Kaloi Limenes le 3 février 1897. Avec lui, 350 combattants et sur le même bateau des munitions et de la nourriture. Le 5 février, le bataillon de Korakas passa la nuit au monastère. Et de là, le lendemain, il se dirigea vers le Nord et prit part aux opérations militaires.

D’après des manuscrits, après les derniers soulèvements qui ont suivi et les scènes de pillage des Turcs, le monastère retomba dans une situation de dénuement extrême. Par conséquent, il n’eut plus la possibilité ni de payer ses dettes ni même de nourrir ses propres moines malgré les énormes étendues de terres qu’il possédait. La lettre qu’envoya le 4 novembre 1902 l’intendant du monastère de Mélétios à l’évêque de Gortyne et Arkadi est significative : « Je ne peux pas supporter davantage une telle situation du Père et des moines : ils étaient nus et sans chaussures… »

Il semble cependant qu’après peu de temps le monastère retrouva son dynamisme et continua à vivre à son rythme normal.

 

Dans les temps récents (20ème siècle)

Les premières années après l’affranchissement des Turcs, le monastère appauvri et exténué par les catastrophes continuelles dut faire face à de grands problèmes de subsistance. Mais avec l’aide de quelques moines et aussi des habitants des villages voisins il réussit à surmonter les difficultés.

La loi statutaire qui fut publiée par l’Etat crétois en 1900 confirme la situation difficile dans laquelle s’était trouvé le monastère. Avec cette loi, les monastères existants étaient classés en « permanents », « supprimés » et « en voie de suppression ». Le monastère d’Odigitria fut classé parmi les « supprimés ». Mais il continua à exister ! Et il est indiqué sur les panneaux routiers en 1920 et dans le recensement en 1928. Avec la loi du 24 octobre 1935 qui séparait les monastères de Crète en « permanents » et « en voie de suppression », Odigitria fut classé comme « permanent ».

Pendant les années de l’occupation allemande (1941-1944), le monastère fit à nouveau front face à la haine des occupants en raison de ses activités puisqu’il aidait les résistants. Les moines craignant qu’à un moment les Nazis n’incendient le monastère ou ne volent des icônes d’une valeur inestimable, transportèrent les plus importantes d’entre elles dans le village de Listaros pour les préserver.

Les années 1950 furent aussi parmi les plus critiques de l’histoire du monastère en raison d’un crime qui eut lieu dans la cellule d’un moine ; et le monastère fut sur le point de disparaître. Mais grâce à la ferveur de quelques moines qui y restèrent et au soutien permanent des habitants des villages environnants en de telles circonstances le monastère parvint à rester debout.

Intéressante, la narration des faits de ce crime par le moine Agathaggelos. Une semaine avant le crime, le soir, comme il se trouvait dans sa cellule, il entendit la targette de la presse à olive du monastère avec son bruit caractéristique « tac, tac, tac… ». Cela lui sembla bizarre parce qu’à cette époque le moulin était fermé. Il se leva, alluma sa lampe, fit le signe de croix et alla voir ce qu’il se passait. Il entra dans le moulin et surpris il vit les meules tourner seules sans l’aide d’animaux ou d’hommes. Déconcerté, il se signa, retourna dans sa cellule, pressentant qu’il allait arriver un malheur au monastère, comme il advint quelques jours plus tard. A noter que le moulin se trouvait à côté de la cellule où fut assassiné le moine.

Jusqu’à aujourd’hui, le monastère d’Odigitria reste le gardien de l’orthodoxie et offre l’hospitalité à tous les croyants qui s’y rendent.

Voici les événements importants survenus ces dernières années :

En 1977, le monastère a été alimenté en eau et en électricité.

En 1989, l’Inspection des forêts a commencé à mettre en valeur certaines étendues du monastère avec des clôtures, des plantations d’arbres etc. Le monastère a été grillagé tout à l’entour pour que n’y pénètrent pas les animaux.

Autrefois, le monastère possédait de nombreux bien fonciers et, comme le relève le recensement de 1919, des milliers d’arbres : oliviers, arbres fruitiers, arbres sauvages, champs irrigués, un moulin à eau…

En 1926, eut lieu une expropriation de la plupart des biens conformément à la loi et le monastère céda 3/5 de ses biens à la caisse des réservistes de l’armée.

 

Le monastère

Le monastère est de type forteresse come la plupart des monastères.

On estime que la tour a été construite sous Nicéphore Phocas après qu’il a chassé les Arabes Sarrazins de Crète en 961.

Quant au monastère, il a dû être construit entre le 14ème et le 16ème siècle.

Au-dessus de la porte centrale, une plaque porte une croix, l’inscription IC-XC-N-K (Iesous Christos Nika) et la date 1568 (sous forme de lettres), probablement la date de la restauration du monastère. D’autres dates figurent ailleurs : 1782 sur le four à pain, 1812 à côté du four à pain ; sur l’extérieur de la fenêtre Sud de la salle à manger figure une inscription selon laquelle la salle à manger aurait été construite par Iosaf Markaki, le légendaire Xopateras, donc en 1816.

Du côté Sud-Ouest de la cour, se trouve la maison de l’higoumène. Le 1er étage a été transformé en hôtel (xénonas) ; au rez-de-chaussée, la demeure de l’higoumène, se trouvent les archives du monastère, des documents, des lettres du Patriarche, des contrats, des livres remarquables…

 

L’église et ses icônes

A remarquer des icônes d’une grande valeur artistique dont deux icônes de la Panagia de Martsalo, une Annonciation (Evangelismos) et l’ « epi soi chairi ».

D’autres icônes sont d’une telle valeur qu’elles ont été transportées et protégées à l’église de Sainte Catherine du Sinaï et à la Métropole d’Heraklion. Sur place, elles ont été remplacées par des copies.

L’icône d’Agios Fanourios de Moni Odigitria

exposée à l’église de Sainte Catherine du Sinaï d’Heraklion (Photo : J-C Schwendemann)

La double icône de l’Adoration des Mages et du miracle d’Agios Fanourios de Moni Odigitria

exposée à l’église de Sainte Catherine du Sinaï d’Heraklion (Photo : J-C Schwendemann)

 

La région d’Odigitria

Raxos

Le monastère d’Agios Eutichios et d’Agios Eutichianos se trouvent à l’Ouest d’Odigitria sur le mont Raxos. On n’en connaît pas la date de fondation. Mais il est certain que dès les premières années du christianisme différents moines et ascètes se réfugièrent dans cette région et vécurent dans les très nombreuses grottes de la région. Plus tard, ils commencèrent à bâtir des monastères cénobitiques et idiorythmiques dont l’un des premiers a dû être celui d’Agios Eutichios et d’Agios Eutichianos.

Les premiers écrits montrent que dans ce monastère on a enterré différents évêques de l’évêché de Gortyne. On peut en déduire que c’était un monastère prospère mais isolé. D’ailleurs, le mot Raxos signifie lieu protégé, difficile d’accès et très rude. Tous les lieux de cette région (les Saints Eutuchianoi, le cap Lithinos ou le Kéfali, Martsalo, Agio Farago) ont été sanctifiés par le passage de saints et par leurs tombes.

Le monastère d’Agios Eutichios et d’Agios Eutichianos est à mettre en relation avec Saint Cyril qui dirigea l’évêché de Gortyne dans le dernier quart du 3ème siècle ap. J-C. Il fut ordonné évêque de Gortyne à l’âge de 68 ans. Fonction qu’il occupa pendant 25 ans avant d’être martyrisé à l’âge de 93 ans sous les Empereurs Dioclétien et Maximianos et sous le proconsulat d’Hadrien. Il fut jeté dans le feu et alors que ses chaînes brûlaient le saint restait sauf. On le chargea sur une charrette tirée par des bœufs et on le transporta sur le mont Raxos. Là, comme par miracle, les bœufs s’arrêtèrent tout seuls et son bourreau l’acheva en le décapitant avec son épée. On l’enterra sur place le 9 juillet 304. Ses ossements ont peut-être été transférés plus tard dans le village Agios Kirillos où, selon la tradition, se trouve sa tombe aujourd’hui.

Dans le monastère de Raxos a été enterré Saint Euménios qui fut évêque de Gortyne sous l’Empereur byzantin Constantin IV (668-689). Il mourut à Thèbes en Egypte et ses ossements ont été enterrés à Raxos. Ainsi avait-on l’habitude d’enterrer à Raxos de nombreux dignitaires de l’évêché de Gortyne.

Saint André de Crète est né à Damas en 660 de nobles parents chrétiens. Il devint moine à Jérusalem au monastère d’Agios Savvas à l’âge de 15 ans. A 25 ans, il vint à Constantinople où il fut ordonné diacre par le Patriarche Georgios. Et à 51 ans, il fut élu évêque de Gortyne. Il se rendit souvent sur les tombes des Saints Cyril et Euménios. Selon la tradition orale, c’est au monastère de Raxos, dans le calme et la sérénité, que Saint André de Crète écrivit le « Grand Canon ». Dans sa biographie, il est rapporté qu’il l’écrivit à Jérusalem avant de devenir évêque de Crète. Il participa au Synode œcuménique et il mourut en 740.

A Raxos vécurent aussi les Saints Eutichios, Eutichianos et leur sœur Kasiani (Eutichiani), qui donnèrent par la suite leur nom au monastère.

Saints Eutichios, Eutichianos et Kasiani (Photo : J-C Schwendemann)

Au lieu-dit « Gialomonochoro », un hameau en ruines au Sud-Est d’Odigitria se trouve l’église d’Agia Sofia avec une fresque où figure une sainte femme du nom de Eutichiani. En tant qu’évêque de Gortyne, Eutichianos fut poursuivi continuellement par les idolâtres mais, fidèle à sa foi, jamais il ne se prosterna devant les idoles ni ne succomba.

Un habitant du village de Listaros mit fin à sa vie en le décapitant avec sa hache au lieu-dit « Manaria » où a été construite l’église de Saint Michel Archange. On peut encore y voir aujourd’hui sur un rocher l’endroit où a frappé la hache et celui où le saint avait posé ses doigts. Eutichios, quand il fut moine, vécut humblement et durement. Avant de devenir évêque de Gortyne, Eutichianos vivait avec son frère Eutichios dans le monastère de Raxos. Beaucoup de gens malades et misérables venaient chez eux pour guérir dans leur corps et dans leur âme.

La grotte des ascètes au lieu-dit « Raxos » (Photo : J-C Schwendemann)

 

Kasiani (ou Eutichiani), prenant exemple sur la foi de ses frères, se retira dans une grotte sur le promontoire du Kéfali. Lorsque son frère Eutichianos fut tué, elle entendit le coup de hache depuis sa grotte et elle comprit clairement que son frère avait été assassiné, alors qu’elle était à une distance d’environ 2 km. Elle quitta sa grotte, passa au monastère de Raxos et dit à son frère Eutichios que Eutichianos avait été tué et qu’il fallait y aller pour prendre sa dépouille et l’enterrer. Ils s’y rendirent, trouvèrent leu frère mort et l’emportèrent à Raxos. Mais en chemin, Eutichios eut soif et le dit à sa sœur. Celle-ci lui répondit : « Fais le signe de croix avec ton bâton et l’eau jaillira puisque j’ai soif moi-aussi ». Ce qui arriva. Avec beaucoup de peine ils transportèrent le corps du saint jusqu’au monastère de Raxos et l’y enterrèrent. Lorsque mourut Eutichios, il fut enterré à côté de son frère. On n’a pas trouvé la tombe de Kasiani, mais on dit qu’elle est montée au ciel. On célèbre sa mémoire le 17 août. Tous trois ont vécu au 4ème siècle.

Lorsque Nicéphore Phokas libéra la Crète des Arabes en 961, les Chrétiens accueillirent cet événement avec des sentiments de joie, d’enthousiasme, de délivrance et de sécurité.

C’est alors qu’on appela en Crète deux excellentes personnalités de l’Eglise pour revivifier le sentiment religieux des Crétois retombé à un niveau très bas ces années-là : Saint Athanase qu’on surnomma plus tard l’Athonite et Saint Nikon le Métanoïte. A la même époque arriva le saint crétois Ioannis o Xenos, Saint Jean l’Etranger. Tous trois firent de très grands efforts pour la reconstruction de l’Eglise de Crète qui s’était réellement désorganisée les années passées.

Saint Athanase l’Athonite demeura peu de temps en Crète avant de se rendre au Mont Athos où il fonda le monastère de la Grande Lavra et où il organisa le monachisme.

Nicéphore Phocas remit une grande partie du butin pris aux Arabes à Athanase pour la fondation de ce monastère et il eut même l’intention de s’y retirer à la fin de sa vie, mais finalement il ne le fit pas.

Saint Nikon le Métanoïte résida en Crète (du Centre et de l’Est) pendant 7 ans. Il partit ensuite pour la Laconie. Il est vénéré aujourd’hui comme saint patron de Sparte. Quant à Saint Jean l’Etranger, il vécut en Crète jusqu’à la fin de sa vie.

Pendant son séjour en Crète, Nicéphore Phocas apprit que dans la région Sud de Crète, et particulièrement à Agio Farago, Martsalo et Raxos, « fleurissait » le monachisme. Il visita ces lieux et afin de les protéger d’éventuelles attaques des pirates arabes il fit construire la tour et les murs que trouva plus tard Martha en ruines et où elle fit construire le monastère d’Odigitria. Une tour que Xopateras rendit illustre.

Saint Jean l’Etranger était originaire du village de Sivas de parents pieux et riches. Il naquit à l’époque de l’Empereur byzantin Constantin VII (905-959). Dès son plus jeune âge, il quitta ses parents, ses frères et sœurs, la richesse et la gloire pour mener une vie d’ermite dans les régions désertiques de Crète. Dieu lui accorda une révélation divine en le menant à Raxos à quelques kilomètres de son village. C’est là qu’il fit construire l’église des Saints Eutichios et Eutichianos. A partir de cette époque-là, cet endroit prit le nom de « stous Agious » ou « Tsis Agious ».

On a trouvé la plupart des informations sur la vie de Saint Jean l’Etranger dans deux documents des 15ème et 19ème siècles. Le premier est la copie du testament que le saint a rédigé lui-même de son vivant. Ces deux documents prouvent que le fondateur de l’église des Saints Eutichianoi et naturellement de ce monastère est Saint Jean l’Etranger.

Les ruines du monastère (Photo : J-C Schwendemann)

Avant l’occupation des Arabes, cette région était bien le centre du monachisme et de la vie ascétique. Après 961, elle tomba dans l’oubli, tout comme les tombes des Saints Eutichianoi jusqu’au jour où Saint Jean l’Etranger vint dans cette région et où Dieu lui révéla à qui appartenaient les deux tombes qu’il trouva dans une grotte et lui ordonna de construire une église en ce lieu. Après sa construction, il y laissa un moine et, suite à de nombreuses pérégrinations, il se rendit à Miriokefala, Nous n’avons pas de renseignements postérieurs au sujet de ce monastère mais il semble que tous les événements évoqués ci-dessus suscitèrent l’intérêt des moines et des ascètes de cette région qui firent grandir ce petit monastère.

Plus tard, il semble que le monastère a été restauré durant la deuxième période byzantine (961-1204), probablement par un certain Agathokli.

Pendant l’occupation vénitienne, le monastère a fonctionné sans doute selon le rite orthodoxe. D’après Nikos Psilakis, le monastère des Saints Eutichianoi dépendait alors du village d’Ethia, qui se trouvait dans un lieu aujourd’hui inconnu. Ce village est cité dans un acte notarié du 6 décembre 1355 et manifestement aussi le monastère qui lui appartenait.

Le monastère est aussi cité comme ayant été l’épicentre d’un conflit en 1455 : alors qu’en 1423 le gestionnaire de l’église latine de Constantinople avait accordé le monastère au moine Neilo Ligidi pour 5 ans, ce dernier occupait encore le monastère en 1433. Le 13 décembre 1433, il désigna arbitrairement comme supérieur perpétuel du monastère Ioana Ligidi, sans doute une parente. Il s’en suivit un conflit judiciaire et le 2 décembre 1455, sur décision des seigneurs vénitiens, il fut cédé aux locataires du Patriarcat latin de Constantinople.

D’autres actes notariés de 1572, 1627 et 1630 citent les moines qui dirigèrent le monastère. Après 1630, nous n’avons plus de documents et on ne sait quand le monastère des Saints Eutichianoi fut détruit, sans doute au moment de la guerre qui, de 1645 à 1669, précéda l’invasion turque, ce qui provoqua la fuite des moines.

Aujourd’hui il ne reste de ce monastère que l’église dans la grotte où Saint Jean l’Etranger a trouvé les tombes des Saints Eutichios et Eutichianos, un puits et les ruines de l’église.

Au début de l’année 1950, le monastère d’Odigitria fit construire à cet endroit par des habitants de Petrokefali un bâtiment (abri et fromagerie) à l’usage des bergers des troupeaux de chèvres et moutons du monastère.

 

Le promontoire de Lithino (Kéfali)

Le promontoire de Lithino (appelé aussi Kéfali) se situe l’extrémité Sud-Ouest du massif des Asterousia à une altitude de 270 m. Le côté Sud se trouve tout proche de la mer.

C’est sur le versant Nord-Est au milieu du ravin que se trouve la grotte de Kasiani où la sœur des Saints Eutichios et Eutichianos s’était retirée en ascète et d’où elle entendit le meurtre de son frère. Un peu plus bas, un puits à moitié en ruines se remplit des eaux de la montagne en hiver.

Sous le sommet du Kéfali fut construite en 1866 par un habitant de Sivas originaire de Karpathos une église dédiée à la Métamorphose du Christ fêtée le 6 août et le 14 septembre. Non loin de là, le même habitant construisit un puits pour désaltérer les pèlerins et les bêtes en été. Pour récompenser ce bienfaiteur, le monastère d’Odigitria lui donna un terrain au lieu-dit « Petra » à Petrokefali.

Pendant l’occupation turque, le capétan Michaïl Kourmoulis qui avait des relations avec la région des Sphakia avait dit aux Sphakiotes que, si un jour ils étaient en danger, ils pourraient trouver refuge sur le promontoire du Kéfali qu’on distingue bien depuis les Sphakia.

Le Sud-Ouest du promontoire est dominé par un phare, gardien des marins qui longe la région. En 1942, les occupants allemands qui virent l’énorme intérêt stratégique de la montagne, un balcon qui donne sur la mer, construisirent vers le bord du précipice un site imprenable puisqu’ils l’enfouirent assez profondément et y installèrent des postes d’observation et des canons anti-aériens. Pour les besoins de cette construction ils réquisitionnèrent de nombreux habitants des villages environnants qui ouvrirent la route avec des pioches et des pelles du village de Sivas jusqu’au sommet du Kéfali sur une longueur d’environ 17 km.

Martsalo

Martsalo est un farangui d’environ 2 km de long entre le Kéfali et Agio Farago au milieu des plus hauts sommets des environs. D’ailleurs, les flancs du farangui sont verticaux, et plus réguliers à certains endroits, alors qu’au milieu ils sont séparés par un ruisseau.

La gorge de Martsalo (Photo : J-c Schwendemann)

La gorge commence au Nord et se termine au Sud avec un beau petit port dans la mer de Libye. C’est à ce petit port que Martsalo -d’un ancien terme latin- doit son nom. Un port important dès l’époque minoenne à l’Ouest duquel se trouvait un habitat portuaire minoen où on a trouvé récemment (en 1996) des vestiges datant de 1800 à 1600 avt. J-C. Au milieu du farangui environ, on trouve une source et un puits avec un verger et un peu plus loin sur un rocher une maison qu’on appelle « tou Gavioti » parce qu’y habitait un homme originaire de Gavdos. Selon certains renseignements, Gaviotis était un agent des pirates à l’époque de leurs incursions. On dit même qu’il fut lui-même pirate dans sa jeunesse. C’est donc ici qu’on débarqua un vieux paysan dans le but de les alimenter avec du pain crétois, du paximadi qui dure de jours sans s’altérer. Pour cela les pirates lui avaient construit un grand four qui a été sauvegardé jusqu’à ce jour. Sous le four, il y avait un poulailler qui est encore en bon état. La maison avec le four se trouve à un endroit idéal parce qu’il y avait du bois en abondance, qu’elle était près de l’eau, protégée du vent et cachée puisqu’on ne la voyait pas depuis la mer. Dans cette maison vécut lors de l’occupation turque un homme nommé Nicéphore qu’on transporta à Petrokefali quand il fut malade et qu’on y enterra.

Un peu au-dessus de cette maison, du côté Sud-Ouest, les pilleurs ont fouillé des sites archéologiques et on ignore les vestiges qu’ils y ont trouvés et qu’on pense datés de l’époque hellénistique.

Lorsque l’apôtre Paul vint en Crète et qu’il enseigna le christianisme, les premiers ermitages se trouvaient à Martsalo et dans la gorge voisine d’Agio Farago. En raison du caractère désertique et sauvage de ce lieu et du calme qui y règne, Martsalo connut une grande vie monastique et ascétique.

La région dut être prospère des premières années du christianisme jusqu’à la fin de la première période byzantine, c’est-à-dire de 100 à 800 ap. J-C, de la période des persécutions jusqu’à la fondation du monachisme dans les monastères. Ce dont témoigne ce qui suit.

Comme on ne trouve pas de ruines d’une autre église dans la gorge, celle qui se trouve dans une grotte a servi de catacombe à l’époque des persécutions. Les moines vivaient dans différentes petites grottes-ermitages parce que Martsalo était vraisemblablement pour les ascètes une annexe d’Agio Farago qui était, comme le dit la tradition, le siège du monachisme d’un plus grande région. De même qu’il existe d’assez nombreuses cellules dispersées dans cet espace depuis longtemps. On a trouvé aussi un bâtiment démoli qui est consacré au moine Marcelos.

En 1938, vinrent à Martsalo quatre habitants de Petrokefali pour y couper du bois. Autrefois et jusque dans les années 1960-1965, les habitants des villages environnants se fournissaient dans les régions d’Odigitria, Raxos, Agio Farago et Martsalo. Du bois qu’ils utilisaient pour la cuisine, le chauffage et pour faire du pain. A l’endroit où ils coupèrent le bois, ils virent un trou. Ils l’ouvrirent davantage, aperçurent une petite grotte avec un squelette humain d’une taille d’environ 2 mètres et dans une position assise. Les parois de la grotte étaient couvertes de fresques et le squelette était tout blanc. Plus tard, le squelette a été placé dans un reliquaire dans l’église de la Panagia de Martsalo. La grotte où il a été trouvé dépend du bâtiment qui était attribué au moine Marcelos.

Les moines cultivaient des parties de la gorge pour assurer leur survie. Les traces de ces cultures sont encore apparentes. Il existe toujours encore un puits alimenté par une petite source. Autour de lui, le sol est dépourvu de broussailles et de pierres sur une assez grande surface, preuve qu’autrefois il a été cultivé de nombreuses années. Raison pour laquelle ce lieu porte encore le nom de « Au verger ». Les plus anciens se souviennent que poussaient ici des mûriers, des figuiers et des vignes. Les palmiers, qui sont les seuls dans la région, semblent avoir été plantés.  Ils témoignent sans doute de l’influence et des contacts avec les moines Saint Antoine et Saint Pacôme qui ont vécu dans le désert égyptien. Il y avait donc sans doute un lien entre les deux endroits.

Dans la paroi verticale qui ferme le farangui du côté Nord, un escalier est taillé dans le rocher. Un travail réalisé par les moines pour pouvoir communiquer avec le Nord et entrer dans l’église en caverne. Ainsi selon la tradition vivaient ici il y a très longtemps des ascètes et des moines dont les dépouilles prouvent l’existence.

L’église a dû être ici dès les premiers temps du christianisme et a sans doute servi de catacombe pendant les persécutions des Chrétiens. Nous ne savons pas ce qu’il s’est passé pour que cette église soit abandonnée et que des glissements de terrain aient fermé l’entrée et la coupole avec des rochers et que l’église ait été complètement oubliée jusqu’à ce qu’à la moitié du 19ème siècle sous l’higouménat de Gerasimos Manidakis un incident imprévu la remit en lumière.

A cette époque-là, un de bergers du monastère nommé Lampakis du village de Gialomonochoro aujourd’hui en ruines, situé au Sud du monastère d’Odigitria, était assis, sans le savoir, sur des pierres sur le toit de la grotte en train de raccommoder ses bottes et d’observer ses moutons. A un moment, il écarta des pierres et il se trouva devant un trou qui n’était autre que la coupole de l’église. Il jeta une pierre dans le trou et se rendit compte de la présence d’une grotte. Il se rendit au monastère, prit une corde et avec l’aide d’autres personnes descendit par le trou dans la grotte dont l’entrée était barrée par des pierres. Et à l’intérieur il trouva une icône de l’Annonciation. On dégagea les pierres qui comblaient l’entrée et, après de nombreux efforts, ils se trouvèrent devant l’embrasure d’un sanctuaire qui présentait un grand intérêt parce qu’il était taillé dans la roche dans une forme ronde comme dans un four à pain. Plus tard, les moines agrandirent l’entrée. A partir du jour où Lampakis trouva ici l’icône de l’Annonciation, l’église prit le nom de « Panagia Martsaliani ».

La grotte a la forme d’un cône d’une profondeur de 8 mètres et d’une hauteur de 10 mètres jusqu’au haut de la coupole. Tout autour de l’église se trouvent des cellules taillées dans les rochers, des grottes et des traces d’anciens bâtiments.

Dès la découverte de l’église, sa réputation se répandit comme l’éclair et beaucoup de monde commença à affluer, tandis que moines et ascètes commençaient timidement à séjourner dans ce lieu béni.

Pendant les années difficiles des persécutions des Chrétiens par les Turcs et surtout pendant la grande révolution crétoise de 1866-1869, de nombreux Chrétiens des villages environnants (Listaros, Sivas, Kouses, Pombia, Petrokefali, Pitsidia, Kamilari…) trouvèrent refuge ici. Parmi eux, l’higoumène du monastère de saint Georges Gorgolaïni de la province de Malevizio.

Dès qu’ils l’apprirent, les Turcs profanèrent l’église de l’Annonciation en brisant les icônes, comme le rapporte un exposé des cruautés en 1867. C’est peut-être après cette catastrophe que Iannis Stathakis du village de Mesi Rethymnon commença à peindre les deux icônes de Martsalo qui, pour être protégées, ont été transportées récemment dans l’église du monastère d’Odigitria. L’une des deux est celle de Χαρά σε Σένα , την πιο ευτυχισμένη (μεταξύ των γυναικών) », « Félicitations à Toi, la plus heureuse (des femmes) », et l’autre celle de l’Annonciation.

Iannis Stathakis qui s’était réfugié avec d’autres à Martsalo en 1866, jeunait pendant toute la période où il peignait les deux icônes. Et lorsqu’il eut fini, il pria et demanda à la Panagia de lui dire par un signe si la peinture lui plaisait. Il vit alors des larmes couler des yeux de la Panagia.

Les saints moines Parthenios et Euménios vécurent en ascètes à Martsalo pendant 12 ans avant de fonder le monastère de Koudouma. Le premier vint de Moni Odigitria en 1866 sous le nom de Nestoras avant de prendre le nom de Parthenios. Euménios l’y suivit. C’est à 30 mètres sous l’église de la Panagia que se trouvent les cellules que rénovèrent et où habitèrent les deux saints pendant 12 ans.

Les saints Parthenios et Euménios connaissaient le vieux bâtiment du moine Marcellos qui était séparé en son milieu par un mur et qui était d’une longueur de 7 mètres et d’une largeur de 4 mètres. Ils commencèrent à restaurer la première pièce et à lui donner la forme d’une église.

Les fondations sont ainsi conservées sur une profondeur de 50 cm mais ont été réduites par l’éboulement de pierres dû à des glissements de terrain. Ces fondations répondent au schéma normal d’un église avec un hémicycle semblable à ceux qu’on trouve aujourd’hui dans les églises à une nef. Les deux saints auraient sans doute terminé cette rénovation si, persécutés, ils n’avaient pas dû fuir à Koudouma. Les matériaux dont il se servirent pour cette rénovation sont les mêmes qu’ils ont utilisés pour la restauration de l’église de Marcellos. A la place de la terre, ils prirent des pierres cassées pour en faire un mortier. Aujourd’hui, ce lieu béni a été entouré de grillage pour empêcher chèvres et moutons qui paissent dans la région d’y pénétrer et de le saccager.

Comme pendant les différents soulèvements sous l’occupation turque, de nombreux patriotes se réfugièrent à Martsalo pendant l’occupation allemande et entre 1941 et 1945 les icônes furent transportées à Moni Odigitria pour les protéger.

Les habitants de la région proche mais aussi de régions éloignées qui connaissent la Panagia de Martsalo témoignent d’un grand respect pour ce lieu. Parmi eux, nombreux sont ceux qui s’y rendent le 15 août pour y jeuner et prier.  A partir de 1967, on commença à planter des arbres au port et autour de l’église. En 1968, l’higoumène de Moni Odigitria Makarios Pitarokoïlis acheta des matériaux de construction et à l’initiative d’un certain nombre de personnes et avec la participation d’habitants de Petrokefali furent édifiées plusieurs petites maisons pour y héberger les personnes qui s’y rendent le 15 août ou pour les cultes. Et ils agencèrent la cour de l’église et une partie de l’escalier.

Ces dernières années, avec l’aide économique du monastère d’Odigitria mais souvent aussi avec la contribution des croyants, une association de jeunes de Petrokefali s’est efforcée avec d’autres habitants de la région d’engrillager un grand espace autour de l’église, des habitations, des cellules et des aires plantées d’arbres afin de les protéger des chèvres et des moutons qui dégradaient ce lieu sacré. De plus, on a pavé la cour de l’église, aménagé des bordures pour que les pélerins puissent s’asseoir, crépi les petites maisons, entretenu les cellules, refait le sol et la porte de l’église. On a également construit dans l’église une iconostase tandis que les deux grandes icônes ont été réalisées en remplacement des anciennes qui ont été transportées et sont protégées dans l’église de Moni Odigitria. Il est difficile d’imaginer la difficulté du travail si on ne sait pas que tous les matériaux ont été portés à dos d’ânes en empruntant des escaliers depuis l’endroit où ces matériaux ont été transportés en voiture.

Dans l’église de Martsalo ont lieu tous les cultes liés aux fêtes de la Panagia (15 août, 21 novembre, 2 février, 25 mars) et la fête épiscopale du 6 août. Bien entendu, le jour de la fête du lieu est celui de l’Annonciation (le 25 mars), jour où Lampakis a trouvé l’icône de l’Annonciation.

On y célèbre encore beaucoup de cultes et de baptêmes chaque année où les croyants font des vœux à la Panagia qui est miraculeuse et qui aide tout croyant qui sollicite son assistance. En témoignent les nombreux ex-voto, liturgies, prières, pains d’offrande et la foule des Chrétiens qui s’y rendent souvent.

 

L’église des Saints Parthénios et Euménios de Martsalo

Cette église construite en 1992 se trouve dans les environs de Martsalo au-dessus du précipice de la partie Nord du farangui de Martsalo avec une vue merveilleuse sur la mer de Libye. L’endroit est clôturé et planté d’arbres. La mémoire de ces deux saints est célébrée le 10 juillet.

 

Agio Farago et l’église de Saint Antoine

La gorge d’Agio Farago (Photo : M. Bouffier)

Agio Farago se trouve au Sud de Moni Odigitria. Une gorge qui a été formée par deux lits de rivière dont l’un commence du côté Nord-Nord-Est depuis Gialomonochoro et l’autre au Nord-Est. Les deux cours d’eau se rencontrent près de l’église d’Agia Kiriaki puis suivent un trajet relativement régulier à l’Ouest et au Nord de l’église jusque dans le farangui qui se termine par une merveilleuse petite plage.

Sur la plus grande partie du farangui s’élèvent à droite et à gauche des rochers perpendiculaires impressionnants dans lesquels se trouvent de nombreuses grottes.

Une des nombreuses grottes dans la gorge d’Agio Farago (Photo : B. Diette)

Agio Farago est très pittoresque et d’autant plus lorsque on le découvre en marchant : un lieu isolé, sauvage et rude. Tout cela avec en plus l’éloignement de tout lieu habité a fait d’Agio Farago le premier centre de la vie ascétique non seulement de la région mais aussi de toute la Crète, et ce depuis les premières années du christianisme. A 250 mètres du rivage, se trouve l’église de Saint Antoine, le centre de l’ascétisme de la région : c’est ici que se déroulaient toutes les cérémonies de la religion chrétienne. L’église de Saint Antoine a été restaurée à trois reprises avant de connaître sa forme actuelle.

Au début, il s’agissait d’une petite église dans une grotte, mais au fur et à mesure que grandissait le nombre d’ascètes il fallut agrandir l’église. Au 14ème ou 15ème siècle on la rénova une dernière fois. Elle est d’une belle architecture mais ses fresques se sont dégradées en raison de la proximité de la mer.

L’église d’Agios Antonios (Photo : J-C Schwendemann)

A l’extérieur de l’église se trouve un puits où les ascètes puisaient leur eau puisqu’il n’existe aucune source dans les environs.

Au Sud de l’église sur une petite hauteur, se trouve une tombe minoenne sous forme de tholos circulaire qui a été pillée et qui prouve que ce lieu était habité depuis l’époque minoenne.

Non loin de là, sur le côté gauche en descendant de l’église vers la mer se cache une grotte spacieuse appelée « Goumenospilios ». Son toit s’ouvre sous la forme de cône d’une largeur de 7 mètres et d’une hauteur de 9 mètres. L’entrée -difficile à trouver pour celui à qui on ne la montre pas- est très étroite et nécessite qu’on plie les genoux. C’est ici que selon la tradition se rassemblaient les ascètes une ou deux fois l’an, assis en cercle sur un nombre de sièges égal au nombre d’ascètes. Si un siège se trouvait vide, on en déduisait que celui qui y était assis était décédé.

Le plus grand problème pour les ascètes était les pirates de cette époque qui venaient leur voler leurs pauvres biens ou s’emparaient d’eux pour les vendre sur les marchés d’esclaves. D’après la tradition, de nombreux ascètes fuirent alors et fondèrent le monastère de Saint Antoine à Apezanes situé dans un lieu plus écarté et loin de la mer, contrairement à Agio Farago qui se trouve à environ 250 mètres du rivage.

A Agio Farago vécut en ermite le célèbre ascète Antonios Krotté qui a fondé de nombreux monastères et baptisé de nombreux croyants. Un autre ermite qui vécut au 7ème siècle en Crète et en ascète sur un rivage du Sud, peut-être à Agio Farago, est le saint crétois Kosmas l’Ermite, connu des hagiographes latins et vénéré particulièrement à Venise.  Il mourut vers 658. Des marchands vénitiens trouvèrent sa dépouille et la transportèrent à Venise le 20 avril 1058. Elle se trouve aujourd’hui en l’église San Giorgio Maggiore de Venise.

Le premier ermite de la région, près de Kali Limenes (peut-être à Agio Farago) cité par les hagiographes orthodoxes est Saint Arsénios qui vécut au 13ème siècle. C’est lui qui enseigna à Saint Grégoire le Sinaïte et à son ami Gerasimos la prière du cœur (prière mentale). Saint Grégoire le Sinaïte fut le fondateur du monastère Grigorios au Mont Athos.

Saint Grégoire et Gerasimos venaient des lieux saints à Kali Limenes et commençaient à chercher un endroit pour y habiter et y vivre en ascète. Les hagiographes disent qu’ils trouvèrent deux grottes et s’y installèrent. Mais ils ne précisent pas où se trouvaient ces grottes. Cependant, la nature du terrain de cette région incite à penser qu’ils les trouvèrent à Agio Farago. C’est donc là qu’ils ont trouvèrent l’ascète crétois Arsénios qui les initia à la prière du cœur qu’ils transférèrent par la suite au Mont Athos.

Nous n’avons pas de témoignages écrits sur les ermites aussi bien d’Agio Farago que de Martsalo d’autant plus que ces hommes ne vivaient occupés que par le jeûne, la prière et l’exercice du corps et de l’âme loin de toute occupation humaine. Une lettre écrite en 1870 par l’archimandrite Grégoire Fotinos, délégué du Patriarche œcuménique en Crète, cite le nom de l’ermite Manasi qui vivait à Agio Farago. Le dernier témoignage écrit est celui de Agathaggelos Mavromanolakis, le saint moine de Moni Odigitria, au sujet du dernier ascète probable d’Agio Farago, même si aujourd’hui il y a encore des indices de l’existence d’ascètes dans les régions d’Agio Farago et de Martsalo.

Agathaggelos est né à Listaros en 1904 ; en 1916, il se rendit au monastère d’Odigitria en tant que jeune berger. Un soir pluvieux de 1917 un homme alla au monastère avec des mules chargées d’ustensiles de cuisine. Il demanda à Agathaggelos où se trouvait Agio Farago. Ensuite, ils déchargèrent les mules et les mirent dans une étable où ils leur donnèrent à manger et à boire. Puis, l’homme alla discuter avec l’higoumène d’alors. Agathaggelos n’attacha aucune importance à l’événement puisque beaucoup de gens de passage demandaient l’hospitalité au monastère. Le lendemain, au lever du soleil, ils chargèrent les mules et l’étranger s’en alla. Il revint l’après-midi du même jour, laissa ses affaires au monastère et rentra chez lui. Agathaggelos n’y prêta toujours pas attention. Lorsqu’il alla à l’armée en 1924 et, en discutant avec d’autres soldats crétois, il fit référence à Agio Farago. C’est là qu’un des autres soldats dit qu’il y connaissait un ascète de son village nommé Georgios. Il lui apprit aussi qu’il venait du nome du Lassithi et d’un village où vivait une famille qui avait deux garçons. Le second qui s’appelait Georgios était né en 1898 et tout jeune s’occupait de moutons et d’élevage. Aux fêtes de carnaval de 1917, le père dit au premier fils d’apporter à manger à son frère Georgios qui gardait ses moutons.

Il y alla et pendant qu’il s’éloignait et qu’il l’observait secrètement il vit qu’il donnait son repas à son chien et qu’il entra dans un buisson pour prier. L’endroit où il avait laissé paître ses moutons était un champ en friche alors que tous les autres champs à l’entour étaient cultivés (blé, orge…). Cependant, bien que libres, les moutons n’allaient pas paître dans les champs céréaliers mais ils allaient au bout de ces champs et revenaient en arrière.  Le lendemain, lorsque les parents donnèrent à l’aîné le repas de carême pour l’apporter à son frère, celui-ci apprit à ses parents ce qu’il avait vu. Le père insista pour qu’il lui apporte à manger ce qui l’obligea à aller dans la montagne où il trouva son frère. C’est alors que Georgios lui demanda de surveiller ses moutons, ce qu’il faisait lui-même depuis de nombreuses années ; et il lui dit que lui-même irait à Agio Farago. Et dans les faits, c’est ce qui arriva. L’aîné s’installa avec les moutons et le plus jeune partit à Agio Farago. Mais comme l’aîné tardait à retourner au village, le père s’inquiéta pour eux et prit la route pour la montagne où il apprit de son fils aîné ce qu’avait fait Georgios. Quelques jours plus tard, le père chargea deux mules avec différents ustensiles de cuisine, s’arrêta au monastère d’Odigitria pour se renseigner et de là alla à Agio Farago. Lorsqu’il arriva à l’église de Saint Antoine il cria très fort le nom de son fils : « Georgi, Georgi ». Celui-ci, caché dans une grotte, sans se faire voir, lui répondit de laisser les affaires et de partir ou de les laisser au monastère d’Odigitria et qu’ils se verraient dans une autre vie.

Alors, Agathaggelos se souvint de ce qui était arrivé en 1917 lorsqu’il était encore jeune berger au monastère d’Odigitria et, à son tour, il raconta l’histoire à son collègue.

En 1938, le père de Georgios retourna à Agio Farago pour apprendre ce qu’était devenu son fils et emporta à nouveau différentes affaires. Mais Georgios sans apparaître à son père lui dit la même chose, qu’il devait retourner au village et qu’ils se verraient dans une autre vie. Au retour, le père resta le soir à Odigitria. A ce moment-là, Agathaggelos alors âgé de 34 ans, sachant ce qu’il s’était passé, bavarda avec lui et lui demanda s’il avait vu son fils. Il lui répondit par la négative mais ajouta qu’il avait entendu sa voix et l’avait reconnue.

 

Agia Kiriaki   

L’église d’Agia Kiriaki se trouve dans une grotte entre le monastère d’Odigitria et Agio Farago, un peu plus au Sud sur la rive gauche du confluent des deux torrents qui descendent d’Odigitria et de Gialomonochoro. Il n’existe pas de témoignages de l’époque où cette grotte est devenue un lieu de culte. Mais il est certain que cette région était habitée depuis l’époque minoenne puisqu’en face de l’église lors de fouilles archéologiques on a trouvé une tombe en forme de tholos avec des vestiges de la période précédant les palais (avant 2000 avt J-C). Peut-être cette grotte a-t-elle été un lieu de culte dès cette époque avant de le devenir dans les premières années du christianisme puisqu’elle se trouve près de Kali Limenes et d’Agio Farago. La principale caractéristique sont les différents nœuds qui ont été installés dans l’église sur le rocher et pour lesquels il existe différentes légendes. On dit que les moines s’attachaient à ces boucles d’une hauteur d’un homme normal à l’heure de la prière de peur qu’ils ne s’endorment, que sous l’occupation arabe la grotte servait de prison et de lieu de tortures et que plus anciennement elle servait de catacombe. Selon les archives du monastère, c’est lorsque Euménios Siggelakis fut l’higoumène de Moni Odigitria qu’on aménagea  un verger près de l’église. C’est une annexe de Moni Odigitria fêtée le 7 juillet.

Agios Andreas

La chapelle d’Agios Andreas (Photo : B. Diette)

La chapelle d’Agios Andreas appartient au monastère d’Odigitria et se trouve au Nord de celui-ci. Elle a été construite dans un lieu écarté appelé « kaka pila » Une chapelle admirable du 14ème ou 15ème siècle entièrement recouverte de fresques en bon état.

La fresque de la Sainte Cène (Photo : B. Diette)

On pense qu’il y eut présence d’hommes à cet endroit dès l’époque minoenne même si on n’y a pas entrepris de fouilles jusqu’à aujourd’hui. Un hameau où vécut plus tard la famille Siggelakis ou Chalkiadakis qui l’abandonna après 1821pour aller habiter à Sivas. Raison pour laquelle ce hameau n’est pas cité en 1834. Au Sud de l’église, coulait jadis une source avec des abreuvoirs taillés dans la pierre et de magnifiques platanes qui ont aujourd’hui disparu. La fête de l’église a lieu le 30 novembre.

Agios Ioannis (Vathi Lagos)

Cette chapelle qui dépend de Moni Odigitria est située au lieu-dit « Vathi Lagos » au Nord du monastère, à environ 700 mètres à gauche de la grande route. Elle a été construite à la même époque qu’Agios Andreas (14ème – 15ème siècle) et, comme elle, entièrement couverte de fresques, dégradées aujourd’hui par l’humidité. La caractéristique de la chapelle est la forme spécifique de la fenêtre Sud taillée dans la pierre. Nous ne savons rien de l’histoire ni du nom de « Bathi Lagos ». La fête de la chapelle a lieu le jour où l’on célèbre Saint Jean Baptiste mais aussi le 29 août où l’on commémore la décapitation de ce saint.

La Panagia de Matala

Cette église se trouve dans une grotte à l’extrémité Sud-Ouest de Matala et elle est consacrée à la Dormition de la Vierge. La grotte qui semble être naturelle à l’origine a été taillée pour se trouver dans l’état actuel. Comme la région de Matala compte de nombreuses grottes taillées depuis l’antiquité, on pense que celle-ci date de la même époque.  Peut-être s’agissait-il il y a très longtemps d’une tombe familiale. Avec la diffusion du christianisme, comme pour les autres grottes, celle-ci serait devenue un lieu de culte dans les premières années du christianisme. L’église est citée pour la première fois à l’époque vénitienne dans un document anecdotique vénitien qui situe ici une église à l’entrée de laquelle se trouve cet écriteau : « Lavez-vous la tête et nettoyez-vous les pieds et ensuite entrez dans cette maison sacrée ». A l’époque vénitienne, cette église portait le nom de Santa Maria di Matala. Cette église appartient au monastère d’Odigitria qui possédait encore des terres à Matala dans les années 1870-1872 dont s’empara par la suite l’Etat pour les distribuer aux soldats réservistes.

La métochi (dépendance) Livadiotis 

Il s’agit de la plus importante dépendance du monastère d’Odigitria. Elle se trouve sur la route de Pombia à Moirès au carrefour de la route vers Petrokefali. Les grandes étendues de terre mais aussi la forme et la surface du complexe bâti montrent qu’il y avait là autrefois un monastère. Selon la tradition, vivait ici à l’époque vénitienne une famille très riche ; d’après certains écrits, après la mort de son mari et par la suite de celle de sa fille, la maîtresse de maison s’enfuit dans la région de Odigitria et fit restaurer la tour puis fit construire le monastère d’Odigitria où elle résida elle-même sous le nom de Martha et auquel elle céda toutes ses terres de Livadiotis. Si cette tradition est vraie, le complexe bâti de Livadiotis était peut-être la maison de Martha avec ses dépendances (étables…) qui fut mis à la disposition du monastère. D’après un écrit du 1er avril 1707 du gouverneur turc d’Heraklion, tous les biens du monastère au lieu-dit Papa-Livadiotis ont été vendus au Turc Mehmet Odapasi excepté le monastère. Mais il est possible aussi qu’ils aient été ravis par les Turcs comme cela arrivait souvent.

L’église à une nef de Livadiotis est consacrée aux Saints Cosme et Damien. Elle a été construite par un certain Nikolaos en janvier 1620 et sa fête a lieu le 1er juillet et le 1er novembre.