Lâorigine de lâĂ©glise de CrĂšte se confond avec lâĂ©poque de lâapĂŽtre Saint Paul. Mais on peut se demander sâil a lui-mĂȘme prĂȘchĂ© en CrĂšte. Dans les Actes des apĂŽtres il nâest nullement question dâune mission de Paul en CrĂšte. Certes, dans lâĂ©pĂźtre Ă Tite, Paul aurait Ă©crit : « Si je tâai laissĂ© en CrĂšte, câest pour y achever lâorganisation et pour Ă©tablir dans chaque ville des presbytres conformĂ©ment Ă mes instructionsâŠÂ ». Et toujours dans lâĂ©pĂźtre Ă Tite au sujet des CrĂ©tois : « Lâun dâentre eux, leur grand prophĂšte, a dit : « CrĂ©tois, perpĂ©tuels menteurs, bĂȘtes mĂ©chantes, panses fainĂ©antes ». Et de poursuivre : « Ce tĂ©moignage est vrai. Câest pourquoi reprends-les sĂ©vĂšrement, pour quâils aient une foi saine. Quâils ne sâattachent pas aux fables juives et aux prĂ©ceptes dâhommes qui se dĂ©tournent de la vĂ©rité ».
Mais certains exĂ©gĂštes occidentaux doutent que Paul ait Ă©crit cette lettre, tant son style diffĂšre dâautres Ă©pĂźtres. Elle aurait Ă©tĂ© Ă©crite par un de ses disciples comme six autres Ă©pĂźtres sur 13. En tout cas, on ne peut prouver que Saint-Paul ait prĂȘchĂ© en CrĂšte.
Le voyage de Saint Paul
Quant Ă lâinvective traitant les CrĂ©tois de « perpĂ©tuels menteurs », elle est une citation du poĂšte crĂ©tois EpimĂ©nide de Cnossos du VIe siĂšcle avt. J-C, donc dâun CrĂ©tois menteur traitant ses congĂ©nĂšres de menteurs. Câest ce quâon appelle le paradoxe du menteurâŠ
Par contre, lâapĂŽtre Paul a sans doute posĂ© le pied sur lâĂźle de CrĂšte comme il est Ă©crit dans les Actes des ApĂŽtres (XXVII) : « Quand on eut dĂ©cidĂ© que nous nous embarquerions pour lâItalie, on remit Paul et quelques autres prisonniers Ă un centurion de la cohorte Augusta, nommĂ© Julius. Nous sommes donc montĂ©s dans un bateau ÂdâAdramyttum qui devait longer les cĂŽtes dâAsie et nous avons pris la mer. Il y avait avec nous Aristarque, le MacĂ©donien de Thessalonique. Le lendemain nous avons fait escale Ă Sidon. Julius, qui traitait Paul avec humanitĂ©, lui permit dâaller visiter ses amis et de profiter de leurs services. Ătant partis de lĂ , nous sommes passĂ©s au large de Chypre, car les vents Ă©taient contraires, puis traversant les mers de Cilicie et de Pamphylie, nous sommes parvenus Ă Myre de Lycie. Le centurion, ayant trouvĂ© lĂ un navire dâAlexandrie en partance pour lâItalie, nous y fit monter. Pendant plusieurs jours la navigation fut lente et ce fut Ă grand-peine que nous sommes arrivĂ©s en face de Cnide, oĂč le vent ne nous permit pas dâaborder. Nous sommes ensuite passĂ©s sous la CrĂšte du cĂŽtĂ© de Salmoni (NDLR : cap SidĂ©ro, au nord dâItanos) et, longeant pĂ©niblement la cĂŽte, nous sommes arrivĂ©s Ă un lieu nommĂ© « Les Bons Ports » (NDLR : Kaloi Limenes au sud de Sivas), prĂšs duquel se trouve la ville de Lassaia. Un temps assez long sâĂ©tait Ă©coulĂ©, et la navigation devenait dangereuse car lâĂ©poque du JeĂ»ne Ă©tait passĂ©e. Paul avertit les autres en disant : « Amis, je me rends compte que la navigation ne va pas aller sans danger ni graves dommages pour la cargaison et pour le vaisseau, mais Ă©galement pour nos personnes ». Le centurion toutefois se fia davantage Ă lâopinion du pilote et du patron du bateau quâaux paroles de Paul. Le port se prĂȘtant mal Ă un hivernage, la plupart furent dâavis de reprendre la mer et de tenter de rallier le port de PhĂ©nix (NDLR : Phoenix prĂšs de Loutro), cette ville de CrĂšte qui fait face au sud-ouest et au nord-ouest, et dây passer lâhiver. Un lĂ©ger vent du sud sâĂ©tant levĂ©, ils crurent pouvoir mettre leur projet Ă exĂ©cution. Ayant donc levĂ© lâancre, ils serrĂšrent au plus prĂšs la cĂŽte de CrĂšte. Mais, venant de lâĂźle, se dĂ©chaĂźna bientĂŽt un vent violent quâon appelle lâEuraquilon. Le navire fut entraĂźnĂ© sans pouvoir tenir contre cet ouragan, et nous laissant porter nous sommes partis Ă la dĂ©rive. Filant sous une petite Ăźle nommĂ©e Cauda (NDLR : Gavdos), nous avons rĂ©ussi de justesse Ă nous rendre maĂźtres de la chaloupeâŠÂ ».
Saint Tite, patron de la CrĂšte
ĂvĂ©nement qui daterait de 58 ap. J-C, lorsque Paul a embarquĂ© pour Rome pour y ĂȘtre jugĂ©. Son dernier voyage que les thĂ©ologiens appellent « Le voyage de la captivité ». Que Saint Paul ait ou non prĂȘchĂ© en CrĂšte, il a en tout cas une grande importance en CrĂšte. Son disciple Tite fut selon la tradition le 1er Ă©vĂȘque de CrĂšte et rĂ©sida Ă Gortyne. Et il devint le patron de lâĂźle, fĂȘtĂ© le 25 aoĂ»t. Une basilique fut consacrĂ©e Ă Saint Tite au VIeme siĂšcle dans lâancienne capitale romaine le lâĂźle, Gortyne.
Jean-Claude Schwendemann
Sources : Der Brunnen aus Epanosifi de Christian Rathner, la Bible, etc.
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