Texte et traduction : Simone ZAEGEL

Chers lecteurs et Amis,

Nous avons beaucoup parlé de la Crète, de la beauté de l’île, de sa richesse florale, de sa cuisine, des temps minoens et de ses envahisseurs successifs et de son occupation par les Turcs, de tout son passé mouvementé et de l’esprit de liberté qui a, pendant des siècles, animé ses habitants.

Rendons  hommage à ces Crétois, hommes et femmes, qui par le sacrifice de leur vie et par leur courage, toujours répétés, ont su garder leur dignité.

Dans ce contexte, il serait peut être de mise de parler de leur passé récent.

Il y a deux ans, à l’occasion d’ un séjour assez prolongé à Chania, le hasard a voulu que mon séjour coïncide avec les cérémonies qui commémoraient l’invasion de la Crète par les paras de l’ armée nazie et la lutte farouche qui avait opposé les Crétois pendant quatre ans à ses occupants.

Récits de luttes féroces qui m’ont été faits par des amis et qui me rappelèrent étrangement ces cinq années d’occupation de notre Alsace, de 1940 à 1945, avec leur chapelet de misères et de chagrins, de vies sacrifiées inutilement pour la folie d’un seul homme.

Etranges destins parallèles que ceux de la Crète et de l’Alsace, terres toujours exposées à la convoitise de pays limitrophes, terres meurtries et imbibées du sang de nos aïeux.

Pour ces commémorations à Chania, ancienne capitale jusqu’en 1953, fut réédité un journal paru après la Libération, Chaniotika Nea, et qui relate jour après jour,  mois par mois, les événements de ces années terribles. Je l’ai traduit et vous  présente les faits marquants, en un résumé. Mais il me faut d’abord remonter un peu plus loin.

Depuis 1898, la Crète était placée sous le Haut Commissariat des Puissances Européennes, elles-mêmes choisies sur la proposition de la Grèce; enfin, en 1913, ce fut, après pourparlers et pression sur la Turquie, le rattachement définitif de la Crète à la Grèce.

La Grèce, en 1917, fut également entraînée dans la 1ère Guerre Mondiale. Après la  fin des hostilités, en 1920, se firent les derniers échanges de population entre la Grèce et la Turquie ; et les derniers Turcs quittèrent la Crète.

Puis survint le 2ème Guerre Mondiale. Et là, je vais vous parler de ces Crétois, rebelles à toute mainmise étrangère, de ces   » Antartissa  »  (maquisards) qui avaient le combat dans le sang ; qui surent résister pendant 400 ans aux Turcs et qui se dressèrent pendant 5 ans contre l’envahisseur nazi.

 

LA CHRONIQUE  D’ UNE GRANDE BATAILLE

 Tout de suite après l’attaque italienne par Mussolini contre l’ Albanie et précisément le 29 Octobre 1940 – le lendemain du   » OXI « , le  NON des Grecs à l’ alliance avec le fascisme-  débutèrent les préparatifs pour la Bataille de  Crète. Les troupes de Mussolini furent arrêtées ; mais en 1941, l’arrivée des troupes d’Hitler ne le fut pas. Les troupes nazies envahirent la Grèce le 6 Avril 1941 et occupèrent Athènes le 21 Avril 1941.

Les Anglais et leurs alliés s’étaient repliés, avec leurs vaisseaux, au large de l’île de Crète. Ils rapatrièrent toutes leurs armes stratégiques en Angleterre, mais en laissèrent suffisamment  pour fortifier l’île et lui assurer une bonne défense.

Mais comme le prouva le déroulement des événements, leur but essentiel n’était pas de tenir l’île à tout prix, mais d’organiser un pont leur permettant de sortir leurs troupes de la Grèce continentale.

De ce jour jusqu’ à la violente attaque des paras nazis sur la Crète et de l’ occupation définitive de l’île, tout donne à penser que la Crète devait surtout servir de tremplin pour permettre l’évacuation de toutes ces troupes des alliés anglais par la côte sud du pays.

Cela dit, il appartiendra aux historiens de démêler tout cela et de l’expliquer.

 

A – La Bataille.

Voici donc, étape par étape, le déroulement des événements du 29 Octobre 1940 jusqu’en Août 1941. (traduction du Journal Chaniotika Néa)

 

Novembre 1941

Le 1er Novembre 1941, un convoi de vaisseaux britanniques jette l’ancre dans la Baie de Souda amenant, sous la protection du Croiseur  « Asia »,  du personnel et du matériel de la Grèce Continentale. Débarquent alors 20 compagnies d’ Ecossais.Dans les jours qui suivent, le gouvernement grec fait savoir aux Anglais qu’ il retirera la 5ème Division crétoise du front albanais et l’ enverra à Salonique, et de là en Crète, à condition que lesdits Britanniques se chargent d’organiser la défense de la Crète.Après quoi les Britanniques prennent la responsabilité de cette défense. Ce qui dans tous ces préparatifs tracasse le plus Winston Churchill est de savoir  » si tout ce monde est assez compétent pour comprendre l’enjeu que  représente cette île de Crète « . Il demande  que « tous les efforts soient faits pour acheminer, d’ urgence, armes et provisions sur l’île et qu’il y ait suffisamment d’ hommes pour la défendre « .Témoin le télégramme de Churchill au Quartier Général de la Marine  : » Nous perdrions la Crète, parce que nous ne disposerions pas de forces armées suffisantes ; cela serait un crime « .Le 11 Nombre 1941, le commandant de la 5ème division crétoise, conformément aux ordres de l’état-major grec, donne ordre à ses commandants d’unités de déplacer la division avant le 16 du mois vers la Crèce continentale pour assumer la garde des dépôts d’armes de la gendarmerie.Le lendemain déjà, le 12 Novembre 1941, Hitler donne l’ordre à ses troupes de prendre possession de la Grèce en employant massivement les forces aériennes contre leur cible. But de l’opération : le contrôle de la Méditerranée Orientale.Mais les Anglais veillent. Le général en chef britannique, chargé du déplacement de la 5ème division crétoise en partance vers la Crète, revient précipitamment sur l’ île afin d’étudier cette nouvelle situation.Dans la foulée, 9 navires réquisitionnés  appareillent  pour la baie de Souda emportant et les 140 compagnies d’ infanterie et les 50 compagnies d’ artillerie. Partent aussi, pour protéger ce convoi d’ hommes, 8 vedettes rapides grecques et un croiseur léger anglais.

 

Décembre 1940

Hitler donne des directives ultra-confidentielles aux responsables de ses troupes aéroportées : « La mission de notre aviation sera de renforcer l’attaque dans toutes ses phases ; et pour rendre l’assaut possible il faut comprendre que pour s’ emparer des points d’appui britanniques sur les îles grecques on ne peut débarquer que par les airs « .

 

Janvier 1941

Le commandement militaire de la Crète, qui a son siège à Chania, charge les corps des milices de la défense de mener une action énergique contre l’ennemi, d’empêcher, par tous les moyens l’atterrissage de forces parachutées et l’ approche de l’ennemi des aéroports et des avions.  Ces forces doivent se répartir ainsi : 12.000 hommes à Chania,  550 à Rethymnon, 900 à Iraklion et 400 pour le Lassithi, soit 13.850 hommes. Mais le Ministère de la Défense ordonne de réduire la puissance de la milice à 1.500 hommes et demande aux Anglais de les armer.

 

Mars 1941

L’or de la Banque de Grèce arrive, par bateaux, à Souda et, de là, est transféré en camion à Heraklion pour partir ensuite pour l’ Egypte.

Le gouvernement grec installe un nouveau commandement militaire en Crète mais ne lui donne pas de consignes précises en ce qui concerne son mandat. Ainsi la défense d’Heraklion devient une entreprise hasardeuse.

Le 26 Mars 1941, dans la Baie de Souda, se passe une chose incroyable : au large du Golfe de Souda, stationne un sous-marin italien non détecté. Trois plongeurs italiens téméraires entrent avec des torpilles dans la baie fermée de Souda. Sans rencontrer ni filet ni protection particulière, ils entrent dans le port où se trouvent ancrés des bâtiments britanniques. S’approchant du cuirassier anglais  » York « , ils collent leurs torpilles contre sa coque et s’ en retournent, ni vus ni connus, à leur sous-marin .

45 minutes plus tard, le grand cuirassier anglais est rendu totalement inutilisable.

Après cette agression, il est évident pour tout le monde, et ceci surtout sur l’ insistance de Churchill, qu’ il faut défendre la Crète et la sauver. Qu’il ne faut pas hésiter devant le danger et en payer le prix fort.

L’enjeu est de taille : la Crète possède les meilleurs aéroports (Malémé, Réthymnon et Héraklion)  ainsi qu’une base maritime approvisionnable, Kolpo, sur la presqu’île de Souda.

C’est de toutes ces questions et problèmes que doit discuter le commandant de la division anglais avec la défense crétoise.

 

Avril 1941

Enfin…le quartier général grec donne l’ordre à tous les instructeurs des centres d’instruction du Péloponnèse de préparer d’urgence les fantassins des classes 1940-41 en vue de leur départ imminent pour la Crète ; c’est à Souda que va être installé le plus grand de ces centres, avec 4.585 fantassins de Nauplie, plus leurs 80 officiers, et aussi 280 fantassins du Centre de Tripoli.

Le 21 Avril 1941, jour du 52ème anniversaire du Führer, l’optimisme le plus absolu règne au quartier général d’Hitler. Les troupes de la Wehrmacht et des Waffen SS viennent de terminer victorieusement la campagne des Balkans.

Le Général Papagos vient de signer, la mort dans l’âme, la capitulation de l’ armée royale grecque.

Les division grecques, après la capitulation, sont en garnison à Larissa.

Hitler, dans son train privé en Autriche, étudie le plan  » Opération Merkur  » avec son instigateur, le Général Student. Ce sera, d’après Student, le moment idéal pour réveiller le sens patriotique des paras allemands. Parmi tous les soldats de l’ Allemagne nazie, les Parachutistes sont les favoris du Führer.

Le 23 Avril 1941, un hydravion britannique transportant le Prince héritier de Grèce, le 1er Ministre et le « gratin » du gouvernement se pose dans la baie de Souda.

Le lendemain, le 24 Avril 1941, a lieu en Crète la rencontre du 1er Ministre grec avec le Général de division anglais Weston pour discuter de la situation au Moyen Orient. Weston affirme, une fois de plus, que la Crète ne sera pas abandonnée et que le gouvernement britannique fera tout pour conserver la Crète. Commencent aussi avec le préfet de la région de Réthymnon les pourparlers pour armer les villageois. Mais l’ administration générale de Chania désavoue le Préfet.

Le 25 Avril débarquent en Crète des forces alliées importantes : la 5ème brigade néo-zélandaise, forte de 5.000 hommes.

Il faut savoir que l’objectif du plan Student et de la décision de Hitler est d’ utiliser la Crète comme base aérienne dans la campagne contre les Anglais au Moyen Orient, de prendre Chypre et de là sauter sur le Caire et le Canal de Suez,

faire la jonction avec l’ Afrikakorps de Rommel et s’emparer du pétrole.

Le 28 Avril 1941, nouvelle concertation à Chania du gouvernement grec en présence des généraux britanniques Wilson et Wetson, du général grec Skoulas et du maréchal de l’ armée de l’ air grecque Albiac, ainsi que de tous les services militaires helléniques et britanniques.

Churchill suit de très près les événements. Il fait parvenir un télégramme personnel au général en chef du Moyen Orient Wawell : « D’après les renseignements recueillis, il apparaît qu’une violente attaque aéroportée allemande, avec bombardements massifs, sera lancée contre la Crète. Faites-moi savoir de quelles forces vous disposez dans l’île et quel est l’état de l’approvisionnement. Il faut organiser la défense et se cramponner à la Crète. Ce sera une occasion brillante de porter un coup efficace à l’armée  aéroportée allemande. »

 

Mai 1941

Les cadets de l’ Ecole militaire grecque arrivent en renfort en apportant des réserves d’ essence.

Le plan   » Ajax « , plan anglais de défense, est mis en place par le général d’ état- major Freiberg, commandant néo-zélandais, choisi par le Général Wawell en raison de ses faits d’ armes. Il va avoir la charge de la défense de l’île et crée la « Creforce ».

Freiberg prend donc en main le commandement de toutes les forces disparates qui se trouvent en Crète. Il fait connaître au général en chef du Moyen Orient que, contrairement aux évaluations du Ministère de la Défense Grec, les forces disponibles en Crète sont absolument insuffisantes pour parer une attaque massive de l’île. Il dispose d’Australiens, de Néo-Zélandais, d’Ecossais et de Gallois qui sont des soldats aguerris, qui ont déjà participé aux attaques de l’axe contre les Anglais en Afrique du Nord et contre les puits de pétrole en Roumanie et  prêts à se sacrifier. S’y ajoutent des soldats grecs, mal préparés, des Crétois farouches, des hommes de la gendarmerie militaire et les maquisards. En tout, il dispose de 20.000 hommes. Mais les autochtones sont mal armés.

Sur ce, on assure au général Freiberg l’entier soutien en cas d’attaque et on lui fait savoir qu’il est de son devoir de défendre la Crète.

 

Bombardements systématiques

Freiberg, maintenant commandant de toutes les forces crétoises, donne ordre de diviser la défense de l’île en zones : Héraklion, Réthymnon, Souda et Chania– Malémé.  Il remet de l’ordre dans les effectifs grecs en édictant une loi « pour rétablir le respect des combattants envers leurs chefs et non écouter les paroles des partis politiques ». Puis il procède à la dissolution du commandement militaire crétois.

En même temps, il donne mission à la 10ème Brigade néo-zélandaise, sous les ordres du colonel Kippenberger, de renforcer et couvrir la région du village de Galatas et d’assurer la défense vers la côte et vers le terrain d’aviation de Malémé.

Le 14 Mai 1941 commencent, selon le plan  » Merkur « , les bombardements systématiques, par l’aviation allemande, de la Crète en vue de préparer l’attaque.

La situation est dépeinte sous les couleurs les plus sombres par le ministre grec  Tsondero. Il envoie un télégramme de détresse à l’ambassade grecque de Londres en exposant la situation catastrophique de l’île.

Entre temps, le Prince héritier de Grèce et toute la cour royale sont partis pour l’Egypte.

Le 15 Mai 1941, malgré tous ces aléas, le commandant des Forces crétoises Freiberg  pense être prêt pour la défense de la Crète et retrouve son optimisme :   les troupes seraient en bonnes conditions physiques et auraient un moral de fer. Il pense qu’avec le soutien de la marine il arrivera à tenir l’île.

Le 17 Mai 1941, dans les journaux de Chania, est publié un article disant que le Chef du KKE (parti communiste) a réussi à s’évader de sa prison de Kimola et qu’il estime que les communistes doivent être en première ligne dans les combats pour la défense de Crète, car ce combat est aussi le combat pour la libération de la Grèce.

 

Face aux Australiens

En ce matin du 17 Mai 1941, en Grèce, à Athènes, un camion stationne dans la cour du Parlement, bâtiment où a été transférée l’imprimerie royale Elka et où se trouvent tous les stocks des cartes d’état-major de la Grèce. Les Allemands arrêtent les machines et, avec une vitesse surprenante, embarquent cartes, machines et matrices en zinc. Ainsi, ils s’approprient  les matrices des cartes de Crète où sont indiqués les emplacements des aéroports crétois.

Le 19 Mai 1941, à Athènes, le Général Student rassemble une dernière fois ses officiers supérieurs pour une ultime concertation avant la grande invasion. Il ne se doute pas une minute de la surprise qui l’attend le lendemain.

Le 20 Mai 1941, la météo est au beau fixe. Vers midi, des escadrons de bombardiers et de chasseurs allemands attaquent et bombardent violemment Souda et Chania et des nuées de parachutes tombent du ciel.

Vers 15 heures, 90 avions attaquent Héraklion, bombardant et mitraillant de toute leur puissance et déclenchant une grande catastrophe dans la ville. Une heure après, les attaquants débarquent de planeurs, d’où sortent les parachutistes du colonel Bräuer.

Au même moment, les parachutistes qui ont sauté à l’est de Réthymnon, sur la colline de Kefala, tombent pile sur l’endroit où se trouvent les Australiens.

 

LA BATAILLE DE CRETE A COMMENCE !! 

B – LE MAQUIS de 1941 à 1945

La Bataille de Crète avait donc commencé !

 Le 20 Mai 1941 les parachutistes allemands du Général Student sautent sur la Crète. Ils attaquent la côte septentrionale en 4 points différents. Le régiment d’ assaut du Général Meindel occupera l’ aéroport de Malémé et les collines qui le dominent. Le régiment du Colonel Heidrich s’emparera de Chania, la capitale, et du Port de Souda. Le Colonel Sturm prendra la ville et l’ aérodrome de Réthymnon et le régiment du Colonel Brauer occupera la ville et l’ aérodrome d’ Iraklion.

Mais ce qu’ ignore l’ Etat Major allemand est que l’ ennemi les attend. Les services de renseignements de l’ Amiral Canaris avaient donné des renseignements totalement erronés au Quartier Général du Führer en annonçant qu’en Crète se trouvaient les restes de l’ armée grecque, d’assez faible valeur militaire, que les Néo-Zélandais commandés par le Général Freiberg se résumaient à une seule Division et enfin que la population était favorable aux envahisseurs allemands…!!

C’ est dans l’ illusion d’une victoire facile, contre un ennemi surpris et mal armé, que les attaquants sautèrent sur l’ île de Crète.

Personne n’ imaginait la dureté incroyable des combats qui allaient suivre. Ni les terribles souffrances dues à la chaleur d’un été précoce et donc au manque d’ eau, à la méconnaissance du terrain très accidenté de la Crète et à la férocité des maquisards crétois, dès qu’ il s’ agissait de défendre leur Patrie contre un quelconque envahisseur.

Loin d’ être mal défendue, la Crète va se révéler une véritable forteresse, bien armée et qui attend les Allemands nazis depuis plusieurs jours. Guidés par ces faux renseignements, les parachutistes allemands tombèrent en plein sur les positions des défenseurs et  il s’ en suivit une terrible boucherie.

Churchill et les Chefs d’ Etat Major alliés, sachant quand et comment les Nazis attaqueraient l’île, avaient renforcé la défense ; malheureusement en vain. Les défenseurs furent finalement submergés par le nombre des assaillants et succombèrent sous le poids de l’ attaque. Mais les paras allemands payèrent un si lourd tribu en forces vives, et l’ ampleur des pertes fut telle qu’ Hitler n’ allait plus être prêt, désormais, à entreprendre une opération aéroportée d’ une telle envergure.

Sur 6.000 paras allemands engagés, 3.000 furent tués ou gravement blessés.

Les Allemands ayant réussi à prendre pied dans l’ île, les combats continuèrent avec férocité et ce sera une semaine d’ épouvante et de misère.

La région de Chania fut la plus éprouvée. Et sous les bombardements massifs et impitoyables de l’ aviation allemande cette belle ville perdit le plus important de son patrimoine architectural et ses vestiges du passé.

Que retrouvons-nous dans la région qui rappelle ces jours noirs ?

Sur Malémé, sous forme de monument, fonce toujours l’ aigle allemand au-dessus du cimetière militaire allemand. Monument impressionnant, édifié par les paras en mémoire de ces terribles combats. Les Crétois tiennent à le conserver pour que les générations futures n’ oublient pas le sacrifice de leurs anciens. Mais la croix gammée, entre les serres de l’ aigle, a été détruite.

Daratsao et Galatas, villages situés sur les collines dominant la mer entre Chania et Malémé furent détruits ; beaucoup d’ hommes y furent fusillés pour avoir aidé les Alliés. La bataille de Galatas fut un massacre de part et d’ autre, car Galatas était la clé de la bataille pour envahir la capitale d’ une part et s’ approprier l’aéroport de Malémé, d’ autre part.

Après les hostilités, les Anglais aidèrent énormément ces deux villages à se reconstruire. Galatas fut dotée d’une superbe école et Daratso a un des meilleurs collèges de la région ; le tout, encore aujourd’hui, subventionné par des dons provenant d’ Australie et de Nouvelle Zélande. Beaucoup de jeunes gens, filles et garçons, émigrèrent, après guerre, en Australie.

A peine les Allemands installés, les tracas commencèrent pour la population. Ordre fut donné de fusiller 10 hommes grecs pour chaque soldat allemand tué dans une embuscade. C’ est ainsi que le village de Kandanos fut incendié et toute la population massacrée. Les paras s’ emparèrent des villages les uns après les autres, secondés dans leur sinistre besogne par des Unités SS, arrivées entre temps par mer et par air, bien armées et équipées de matériel lourd. Maintenant le but était la côte sud vers Paleochora et la route, à travers les Montagnes Blanches (LEFKA ORI) qui mène à Chora Sphakion, les deux derniers ports où attendaient des bateaux et des sous-marins britanniques pour recueillir les troupes anglaises en fuite.

Ne vous imaginez pas les routes belles et macadamisées que vous voyez à l’ heure actuelle et qui mènent vers ces deux ports, mais de méchants sentiers caillouteux, à peine plus larges qu’ une sente pour ânes, avec de part et d’ autre des précipices à vous donner le vertige (je les ai encore connus il y a 25 ans, lorsque je me suis rendue pour la première fois de la côte nord sur la côte sud ; lorsque deux camions se croisaient, l’ un des deux, côté précipice, était toujours en danger de mort. C’est dans ces conditions, plus que difficiles, que fuyaient les soldats britanniques, sous un soleil de plomb.

Les montagnards crétois, les bergers, les maquisards aidèrent de leur mieux ces pauvres bougres dans leur fuite devant un ennemi implacable qui les talonnait nuit et jour. Mais cet ennemi souffrait encore plus qu’eux, car lui ne bénéficiait pas de l’aide de la population et ne connaissait ni les points d’eau ni le terrain qui abritait des maquisards déterminés et connaissant chaque ravin comme leur poche. Mais toute la région de la Côte Sud paya très, très cher cette aide aux Alliés. Villages martyrs tels Kandanos, Anopoli, Aradena, le Monastère de Prévéli, pour ne citer que les premiers de ces Oradour-sur-Glane crétois.

La Crète était conquise, les nazis avaient gagné, mais pour le maréchal Rommel s’ annonçait déjà la débâcle au Moyen-Orient. Mais en Crète vint alors une autre guerre à laquelle l’occupant allemand, dans son euphorie de victoire facile, ne s’attendait nullement : La guerre des « Antartissa », les maquisards crétois qui relevèrent le flambeau de leurs ancêtres contre l’ envahisseur. Et cette guerre–là dura encore quatre années, remplies d’ horreurs et de larmes pour la population crétoise.

 

N.D.L.R. Pour parachever ce travail, Simone Zaegel a traduit et résumé pour les membres de notre association toute une série d’articles parus dans le journal « XANIOTIKA NEA » (Les nouvelles de Chania) qui relatent, mois après mois et année après année, d’août 1941 à mai 1945, quatre années de terreur. Et notre amie d’ajouter : « Puissiez-vous vous faire une image de la chape de plomb qui s’était abattue sur cette belle île et sur ses habitants. Et peut être, les plus âgés d’ entre vous pourront se remémorer que notre Alsace, à la même époque, était à peu près soumise au même régime de peur ».

 

Voici ces articles :

 »  XANIOTIKA NEA « 

Août 1941

Ordre est donné au Lieutenant anglais Paul d’aider les soldats anglais retranchés à Moni Prévéli ( Monastère sur la Côte Sud) à fuir l’avance des Allemands et d’essayer de rejoindre les ports de Prévéli, Frangokastello et Chora Sfakion. Au large de ces ports attendent des navires et des sous-marins qui doivent les embarquer. Dès le 26 Juillet 1941, l’ensemble des Anglais se trouvant sur la côte Sud s’est donc mis en marche, escorté par le lieutenant Paul et par Antonio Grygorakis, dit « le Satan ».

Début Août 1941 arrive à Chania, la capitale, le Commandant général de Crète Loulakakis, ex-député d’Héraklion, qui a tourné casaque et est nommé par le servile et germanophile gouvernement grec d’Athènes.ùLe nouveau préfet de Chania Permanslager s’empresse de faire connaître les nouveaux ordres de l’occupant et de les transmettre au Diocèse de Kydonia (ancien nom de Chania) en mettant les autorités ecclésiastiques crétoises en demeure d’évacuer certains monastères pour y installer les instances militaires allemandes.

L’Evêque de Kydonia en tête, les universitaires, les grands commerçants et les professions libérales (médecins, avocats…) jugent prudent de se soumettre et pensent ainsi amadouer l’occupant.

 

Septembre 1941

Parallèlement les Allemands se ruent sur la province de Sélino et des milliers de soldats ennemis attaquent la région de Chora Sphakion. De là, ils se répandent dans les villages environnants à la recherche des franc–tireurs. Chora Sfakion est le lieu de rassemblement de ces farouches maquisards ; mais vendus et trahis par un collaborateur crétois, ils se font prendre et 26 d’entre eux seront fusillés.

Début septembre arrivent par avion militaire allemand le Ministre grec Logatepoulos et un attaché militaire de l’Ambassade allemande d’Athènes. Ils ont rendez-vous à Pélékorika avec le commandant anglais André. Ils le mettent en demeure de faire déposer aux Crétois les armes que ceux-ci s’étaient appropriés lors du départ des troupes anglaises. Au cas contraire, ils menacent de représailles la population civile.

Cet ordre est publié le 10 Septembre 1941 avec effet immédiat.

 

Octobre 1941

Au début du mois, le 9 octobre exactement, débarque clandestinement dans Akrotiri un Délégué Allié qui rencontre le commandant Grigorakis, dit « le Satan » et ensemble ils essaient de trouver un moyen d’ infiltrer la Messara (Côte Sud).

Déjà la population civile souffre de faim. Les Allemands se servent sans vergogne ni égards pour approvisionner leurs troupes.

L’ Evêque de Kydonia, par la voix du Maire de Chania, fait savoir dans une lettre encyclique qu’à Athènes, dans les églises, on commence à collecter de l’argent pour les familles crétoises dans le besoin.

 

Novembre 1941

L’ agent secret anglais connu sous le pseudonyme « le Sioux » fait échapper de la prison de Rethymnon – la Tsoutsoura – 120 Anglais et fait entrer en Crète un autre agent secret, Gontran, qui prend sa place. Puis « le Sioux » quitte la Crète.

 Les Crétois, sous la conduite de Manoli Badouva (cet homme sera pendant les quatre années à venir le Chef Suprême de la Résistance) réussissent à établir la liaison avec le Caire où se trouve le Commandement Général du Moyen Orient.

Badouva demande, avec insistance, que l’on envoie des agents pour encadrer les groupes de résistants qui se forment partout dans l’ île.

 

Janvier 1942

 Le résistant de la première heure Nikos Askondis, homme politique communiste en vue, est piégé et arrêté près de la Source de Réthymnon par le commandant allemand Fuchs. On lui reproche d’avoir trahi les Allemands lors de la bataille d’Arkadi et il est déporté séance tenante dans les geôles d’ Athènes.

A la suite de quoi a lieu le premier rassemblement important des communistes dans l’église de Panagia.

 

Avril 1942

Débarquement clandestin de l’ Agent secret anglais  Dambabin.

Note de l’auteur: ce qui frappe tout au long de la lecture de ce journal , qui court sur quatre années d’ occupation, c’est le nombre d’ agents secrets anglais qui s’infiltrent toujours et sans relâche dans l’ île. Churchill n avait donc pas menti, lorsqu’il avait juré de ne pas lâcher la Crète ; et les liens étroits entre les Britanniques et les Crétois ne se sont jamais relâchés et ceci jusqu’ à nos jours.

Les Anglais et les Néo-Zélandais restèrent toujours reconnaissants au peuple crétois pour l’ aide apportée lors de l’ évacuation de leurs hommes. Après guerre, ils aidèrent énormément les Crétois à reconstruire leur île, par la reconstruction des villages et par la création d’ un système scolaire moderne.

                                   

Mai 1942

Pour le 1er Mai, première grande manifestation communiste à Néapoli, au vu et au su des occupants. La population entière, descendue dans la rue, entame le Chant des Travailleurs.

La première équipe de commandos anglais débarque clandestinement en Crète sous la conduite de l’agent secret Dambabin et sous la protection du Commandant Badouva qui réunit, tout de suite, un conseil de guerre et nomme les responsables pour les différents districts.

Mais les Anglais en la personne de l’ Agent Dambabin doivent convaincre le commandant crétois que pour l’ immédiat une action armée n’est ni désirable, ni avantageuse vu la force et la hargne de l’occupant. Cependant, les Anglais font larguer, par avion, deux grands containers d’armes aux maquisards pour leur faciliter leur défense.

 

Juin 1942

Les maquisards ont exécuté les maires germanophiles de trois petits villages (Kanli, Kastelli et Ploras) en les passant par les armes. En représailles, les nazis exécutent douze otages à Réthymnon.

Juin est un mois très mouvementé : le 9 Juin, les agents secrets anglais réussissent le sabotage de l’ aérodrome de Kastelli.

Le 13 Juin une équipe de franc-tireurs gallois réussit à s’infiltrer en Crète par la côte Nord et détruit 18 avions sur l’ aéroport d’Héraklion.

Ces actions de sabotage entraînent la réplique immédiate des occupants et 90 otages sont fusillés à Héraklion.

                                                           ************

NOTE de l’auteur : Mais la mesure de rétorsion la plus cruelle envers les Crétois  fut l’ordre émis par le Gouverneur allemand de la Place Forte de Crète et qui fut publié dans tous les journaux grecs et italiens : « Comme il faut mâter la population crétoise ORDRE est donné d’ évacuer  la région côtière du Département du Lassithi jusqu’ au Département d’ Héraklion, le long de la plage et ce sur une profondeur de 6 km. La région est à considérer comme Zone Morte (No man’s Land). Tous les civils qui habitent cette région doivent la quitter immédiatement. Toute personne mâle surprise dans cette zone est considérée comme franc-tireur fugitif et sera fusillé sur le champ, prêtres, femmes et enfants compris ».

L’ ordre ci-dessus était exécutoire à partir du 13 Juillet 1942 et entraîna des souffrances sans nom pour la population.

 

Août 1942

La situation entre l’occupant et les Crétois est tellement tendue que le Président grec Tsolakorlou vient personnellement inspecter l’île.

Il cherche à trouver un accord sur la meilleure façon de conduire ce peuple crétois rebelle et de le faire plier sous le joug de l’occupant.

 Au même moment, sur la côte Sud, au large de Prévéli, attend un sous-marin anglais le  » Top bee  » pour évacuer le commandant anglais Paul. Mais celui-ci rendu méfiant par plusieurs trahisons par des collaborateurs dans les rangs crétois, demande que  l’équipage qui doit le mener au sous-marin soit composé exclusivement par des marins chypriotes. Cette dispute rend la situation de plus en plus périlleuse, et finalement on réussit à convaincre Paul de la fiabilité des marins crétois. Tout est bien qui finit bien !

 

Octobre 1942

Des représentants de la Croix Rouge arrivent au Lassithi et veulent visiter Agios Nikolaos. Mais les Allemands leur refusent l’accès à la ville à cause de la tragique et déplorable situation qui y règne. La partie Est de l’île est occupée par les troupes italiennes.

NOTE de l’auteur : Si l’on peut croire les récits d’autres journaux de l’époque, la partie Est de la Crète occupée par les fascistes italiens était dans un état chaotique. Les Italiens, moins disciplinés que les S.S. allemands avait laissé s’installer l’anarchie et la famine dans cette partie de l’île, d’où le refus des Allemands vis à vis de la Croix Rouge.

 

Novembre 1942

Sous la conduite d’un agent secret anglais Jan Feelding, sept résistants ont essayé de récupérer leurs terres dans le No Man’s Land du Lassithi. Ils ont réussi à s’emparer des réserves de blé stockées par les Italiens et à les distribuer aux habitants de Boulgaraki qui étaient complètement affamés.

Feelding est maintenant le gradé anglais clandestin le plus haut placé (lieutenant colonel) qui est encore en Crète. Il opère à l’Ouest de l’île. Il se rend à Omalos pour rencontrer le Commandant Mandakas et les chefs résistants du secteur. Ensemble, ils nomment les responsables militaires pour la Région d’Héraklion : le lieutenant Betinaki pour Héraklion et le lieutenant Plevry pour le Lassithi. Ce qui est agréé par l’ E.O.K. La résistance crétoise commence à s’organiser.

 

Février 1943

Le Préfet du Lassithi, Zitas, à la solde de l’occupant, demande aux maires de la région pourquoi les 15% des récoltes n’ont pas été livrés aux carabiniers et gendarmes. Il menace de déportation les maires parce qu’ils n’ont pas obtempéré avec assez d’empressement et livré la quantité de nourriture évaluée par l’occupant.

Puis l’ordre est donné au chef d’Etat Major de l’armée d’occupation italienne du Lassithi de continuer à harceler la population.

 

Mars 1943

Révolte des étudiants du « Collège de la Cité Nouvelle » à Héraklion qui parviennent à célébrer le 20ème Anniversaire de la fondation de cette Université, célébration qui avait été strictement interdite par l’occupant. Un intrépide escalade le Monument aux Morts et le coiffe d’un couronne de feuilles de laurier. Puis les étudiants défilent dans les rues en chantant l’Hymne National. Ce qui est également strictement défendu. En plus, ils hurlent des slogans anti-fascistes.

 

Mai 1943

Suite aux évènements de mars, le Chef d’Etat Major des Forces d’occupation italiennes du Lassithi , en accord avec le Préfet,  supprime le droit d’étudier  et d’enseigner aux corvéables. Mais les étudiants continuent de s’abstenir de la corvée et forment des comités de protestation et de résistance. Ceci pour les Italiens.

Quant aux forces allemandes, elles entrent en campagne contre les résistants de Réthymnon, car il était parvenu à la Gestapo de Réthymnon le renseignement que sur les hauteurs à l’arrière de la ville des postes radios auraient été installés pour communiquer avec les Forces Alliées.

En effet, un sous-marin le « Papanikolis  » avait débarqué sur les plages entre BaliI et Sises un capitaine-télégraphiste du Quartier Général allié faisant partie de l’Intelligence Service, avec mission de rassembler tous les sans-filistes crétois et de les former aux radios et accessoires introduits par lui dans l’île de Crète.

 

Juin 1943

Grande rencontre, dans une maison isolée des Montagnes du Sud, des chefs des différentes factions partisanes et rassemblement des premières équipes bien organisées de maquisards.

Le Gouvernement Militaire allemand, exaspéré par toute cette résistance larvée, veut limiter les communications qui se font entre l’Egypte et la Crète et déclare  » Zone Interdite  » la côte Sud de la province d’Agia Vassili et fait évacuer tout le secteur de ses habitants et  des bêtes. En cas de retour dans cette zone interdite, quiconque sera pris sera fusillé sur le champ.

 

Juillet 1943

Grand événement : en Italie Mussolini est renversé. Le moral des troupes italiennes est au plus bas. C’est ce moment que choisissent les Allemands pour bombarder les Régions de Mirabello, Agios Nikolaos et Ierapetra dans l’ intention de casser encore plus le moral des Italiens. Résultat : énormément de morts et de blessés parmi les Italiens qui ne s’attendaient pas à cette attaque de la part de leur soi-disant allié.

Les Allemands veulent surtout intimider les Italiens, dont ils se méfient depuis toujours et veulent éviter qu’ils ne se retournent contre eux en apprenant la mort de Mussolini.

Finalement le Commandant allemand Broeger se rend chez le commandant italien du Lassithi pour lui expliquer que la grande Allemagne nazie sera vainqueur, vu les nouvelles armes secrètes dont elle dispose.

 

Août 1943

Les Allemands deviennent de plus en plus nerveux. Ceux stationnés à Chora Sphakion et qui contrôlent les prisons de Loutro et d’Agia Roumeli se ruent à Livaniana, arrêtent tous les habitants, ainsi que ceux de Loutro, sans raison donner et déportent prisonniers et population à Anopoli.

En effet, il y a de quoi être nerveux, car sur des plages sud de la Crète ont débarqué des groupes des Forces Alliées pour assister et renforcer  les partisans et elles se sont fondues dans la nature trouvant refuge dans les Montagnes Blanches (Lefka Ori) et le Psiloritis.

Ce qui déclenche un massacre de plus : une section allemande sous les ordres du Sergent Stuber  tombe sur Rodakino, torture à mort 5 hommes et brûle vives 2 femmes. Ce village est également déclaré « Zone Interdite ».

 

Septembre 1943

Retour des agents anglais Dambabin et Lee Fermor. Le Chef des maquisards Manolis réunit ses hommes pour couvrir le débarquement des Anglais.

Commencent alors les négociations entre le Commandant italien du Lassithi et le Commandant Lee Fermor. Les Italiens ne veulent plus se battre aux côtés des Allemands et le Général italien Kata signe l’acte de capitulation que lui dicte le Colonel allemand Haagen.

C’est un bel imbroglio : d’un côté, les Italiens qui occupent le Lassithi entament des transactions avec les maquisards et les Anglais ; de l’ autre côté, les Allemands exigent la capitulation de ces mêmes Italiens qu’ils considèrent, dès à présent, comme leurs ennemis.

Mais les Allemands sentant leur situation de plus en plus précaire deviennent de plus en plus féroces. Deux soldats allemands ayant été tués à Vianno, un peloton d’exécution y est envoyé. Celui-ci tombe dans une embuscade préparé par les maquisards ; il y laisse 14 morts et 18 prisonniers.

Cette défaite rend fou furieux le Général allemand Miller, commandant Héraklion. Il envoie tout un bataillon à Vianno, avec consigne de détruire la région en mettant le feu à tous les villages alentour : Sikologos, Kalami, Simi, Kéfalovrisi, Akira, Vaho, Aï, Vassili, Krevata et Vianno, soit en tout 10 villages

Le même jour, dans la région de Ierapetra, sont incendiés 9 villages : Gdokia, Mallès, Mirtos, Mourmès, Parsas, Riza, Kaomeno, Epano et Christos. Population arrêtée, déportée et fusillée.

MILLER fut traduit plus tard en justice comme criminel de guerre et exécuté par les Alliés.

Fin Septembre 1943, le commandant italien du Lassithi, le Général Karta, réussit à fuire avec ses troupes et son état-major vers le Moyen Orient, grâce à l’ aide le l’Anglais Lee Fermor.

 

Octobre 1943

Décision des occupants  le 1er  Octobre d’encercler Koustogerako.

La bataille de Koustogerako dure jusqu’au 3 Octobre. Ce fut une opération de grande envergure avec soutien aérien et des centaines d’attaques contre les villages de Sélinou, Koustogerako, Livada et Moni.

Les hommes de Koustogerako ayant pu s’enfuir pour échapper à l’arrestation, les S.S. rassemblent femmes et enfants et les conduisent devant le peloton d’exécution. Les première balles touchent une grand-mère et son petit-fils. Mais un maquisard embusqué, fou de chagrin, tire de loin sur l’exécuteur et le tue d’une balle dans la tête.

Les Allemands paniquent et s’attendent à une riposte en force des partisans. Ils abandonnent leur sinistre besogne et se retirent, sans cependant relâcher l’encerclement de la région. Mais, de nuit, trois familles de Koustogerako (en tout 12 personnes) attaquent les deux gardiens allemands du dépôt de munition, les tuent et réussissent à s’enfuir en emportant tout le stock d’armes.

 Représailles inévitables par les troupes allemandes qui saccagent systématiquement les quatre villages cités plus haut. Mais entre temps la population civile a pu s’enfuir. Les partisans engagent le combat et cela se termine par 37 morts et 65 blessés du côté des S.S.

Tout le mois d’ octobre 1943 est marqué par de sanglants accrochages entre maquisards et troupes S.S., ces derniers se livrant à des exactions sans fin.

A Réthymnon, sans raison, ils brûlent 10 maisons : femmes et enfants sont brûlés vifs.

 Les hommes du Commandant Badouva épuisés réussissent à décrocher et se réfugient à Kallikrati près de Sphakia. Dans ce village, ils se joignent aux saboteurs anglais qui s’y cachent. Kallikrati est encerclé et 25 villageois fusillés.

Vers fin Octobre, il s’avère de plus en plus urgent de réunir les chefs maquisards de la Crète entière. Cette concertation a lieu au Monastère Iéra Arkadi. On trouve là le Commandant Badouva, les représentants des régions d’Héraklion, du Lassithi, de Réthymnon et de Chania, le prieur du Monastère, Psadouraki, et l’agent anglais Tom Dambabin.

 

Novembre 1943

Après les concertations de Iéra Arkadi le harcèlement contre les troupes d’occupation et contre les miliciens grecs reprend de plus belle. Mais encadrés solidement par les agents anglais Dambabin et Perkins et le vieux communiste Manousaki, qui est rompu à tous les combats, les résistants connaissent des succès de plus en plus spectaculaires.

 

Janvier 1944

L’agent anglais Tiklitiras, de mère anglaise et de père grec, arrive en Crète et prend contact avec les communistes. Sous son influence, le harcèlement de l’occupant reprend de plus belle, malheureusement avec son chapelet d’horreurs, de larmes et de souffrances pour la population crétoise.

 

Février 1944

L’ Evêque de Chania se rend à la Kommandatur pour demander pour quelles raisons les lignes téléphoniques sur Chania et sa région ont été coupées et pourquoi on a imposé une amende de 12 millions de drachmes aux habitants de Kontonari. Mais les Allemands le renvoient assez rudement, exaspérés  par les continuels sabotages dans la région.

Sur ce, à Stilio, les partisans de la région de Réthymnon tombent brutalement sur les Allemands pour libérer les habitants de Koxare retenus comme otages. Ils réussissent à les libérer.

En représailles, quelques jours plus tard, la police allemande encercle les villages de Fournès, Meskla et Lalikous et arrête tous les hommes à partir de 12 ans et les transfère à la prison d’Agia Aïta.  Les Allemands sont d’ autant plus vexés qu’il recherchent des déserteurs allemands, évadés de Crète avec des avions anglais, sous escorte anglaise.

Cela va mal pour l’occupant. Les derniers Italiens encore en poste à Kroustas dans le Lassithi renient le fascisme et se rallient aux partisans de l’ELAS dans les montagnes.

Nouvel accrochage avec les Allemands qui se vengent de la défection des Italiens sur la population de Kroustas. Grosses pertes en hommes côté allemand, mais des revers aussi du côté des maquisards, où chaque homme compte. Un chef communiste d’ELAS, Manoli Boulgaraki, tombe dans une embuscade et est tué près de Sournas.

 

Mars 1944

La famine est telle dans le pays que des étudiants de Chania font des soupes populaires afin d’améliorer la nutrition des enfants qui meurent en masse. Ce sont ces innocents qui sont le plus touchés par la sous-alimentation à cause des privations extrêmes imposées par l’occupant.

Les partisans distribuent de plus en plus de céréales récupérées sur l’ennemi à la population civile en détresse.

Mars voit aussi de plus en plus fusionner les groupuscules partisans d’ un bout à l’autre de l’île. Fusion aussi entre les divers mouvements communistes de l’ EAM, l’ EOK et l’ELAS.

Le Commandant anglais Dionysi prend tout ce monde en main pour coordonner les attaques.

 

Avril 1944

Coup d’ éclat de la résistance crétoise : dans la journée du 15, l’ELAS livre une bataille importante au pied du Mont Ida (Psiloritis). Malheureusement, elle perd 10 hommes.

Le 19 Avril, un groupe de ces intrépides combattants descend de la montagne pour préparer l’enlèvement du Général allemand von Kreipe. Le groupe se cache près de Skalani, à 20 minutes de l’embranchement de la grande route sur laquelle devra passer la voiture du Général von Kreipe. Mais vu la dangerosité du secteur, le groupe – 20 hommes – est jugé trop important pour passer inaperçu. On choisit les 9 combattants les plus aguerris, tous Crétois. Ils sont encadrés par deux Anglais, le commandant Lee Fermor et le capitaine Mos. Ces deux officiers anglais sont en uniformes allemands de brigadier de la police militaire .

 A 21h30, la voiture du Général von Kreipe paraît. Les Anglais, à l’aide de signaux lumineux et de coups de sifflets demandent au chauffeur de se ranger. La voiture s’arrête. Par chance le Général est seul avec son chauffeur, lequel est neutralisé aussitôt par un coup sur la nuque et est traîné hors de la voiture et mis hors d’état de donner l’alerte, tandis que le Capitaine Mos saute à sa place. Trois maquisards neutralisent et menottent le Général, le poussent sur la banquette arrière et le prennent entre eux, le tenant en joue avec un revolver. Lee Fermor s’assoit à l’avant, met le képi du Général et Mos se met en route vers Héraklion. L’opération avait réussi. On cacha von Kreipe dans la région de Réthymnon.

 

Mai 1944

Le 14 Mai, enfin, au large de Réthymnon on embarque le Général von Kreipe dans un sous-marin à destination du Caire au Moyen-Orient, accompagné des officiers anglais Lee Fermor et Mos.

LEE Fermor et Mos furent décorés à la Libération, avec tous les honneurs, pour ce coup de maître.

Mai  voit encore une victoire éclatante des maquisards. Ils réussissent la capture du bourreau le plus sanguinaire Frantz Wachter, celui qui avait mené le siège de Paleochora avec une férocité de bête fauve. Il est exécuté tout de suite sur la place du Temple à Sélino.

 

Juin 1944

Le Bureau des Affaires stratégiques, avec son siège au Caire, prend un premier contact avec les chefs maquisards et trois personnes de cette instance sont envoyées en Crète. Mais après un mois de consultations, les délégués s’en retournent en estimant qu’une intervention américaine de grande envergure ne semble pas encore réalisable, les Allemands étant encore trop organisés et d’autant plus dangereux après le rapt du Général von Kreipe.

D’ailleurs la Gestapo, avec l’aide de collaborateurs crétois, de miliciens grecs et de gendarmes traîtres à leur patrie, réussissent à arrêter le secrétaire du Parti Communiste de Crète, Vangueli Kristaki. Ce dernier est exécuté après de longues tortures.

 

Juillet 1944

Le mois se passe en accrochages entre les hommes de l’ELAS et les gendarmes, dont le chef est Papaganaki, connu pour sa brutalité. Il traite officiellement tous les maquisards d’anarchistes à tuer sans pardon.

Il y a beaucoup de pertes du côté des maquisards, car les batailles sont des plus sauvages. Ces affrontements sanguinaires ont lieu à Kisamou, Ralia, Roumata, Axlada, Annia Xoro, Koumeni , Karkadionissa, Kastello, Sélino, Anavo et Vidrilia.

Dans ces batailles contre les occupants allemands, il y a beaucoup de morts héroïques parmi ces farouches guerriers crétois, mais les envahisseurs laissèrent aussi énormément des leurs dans cette terre de Crète.

 

Août 1944

Le village d’Anogia est cruellement éprouvée. Parce qu’il est  le centre de l’espionnage anglais en Crète, les femmes et les enfants sont éloignés sur ordre du commandant de la place forte de Crète, les vieillards sont fusillés. On y envoie le plus brutal des interrogateurs de la Gestapo, appelé  » le Dompteur « ,  qui se met à torturer à volonté les hommes du village.

 Survient l’assassinat du commandant S.S. Knabe et de son garde du corps. Cela déchaîne le Gestapo. Et comme, en plus, les habitants d’Anogia avaient donné asile et protection aux maquisards après l’enlèvement de von KREIPE, on ordonna de raser complètement Anogia et d’exécuter tous les hommes valides qui se hasarderaient à revenir dans ce village et les villages alentour, dans un rayon de un kilomètre.

Pendant ce temps, les horreurs et les massacres continuent dans la région d’Héraklion, dans le Psiloritis. La Messara est anéantie. La liste des villages martyrs ne cesse de s’allonger : Thissiro, Aliakes, Kentro, Amari près de Réthymnon, dont la population est exécutée et brûlée.

Les combats entre les maquisards et les troupes d’ occupation ne cessent d’escalader.

Pour la même raison d’avoir donné refuge aux partisans, Malathires est anéanti et ses habitants – 61 personnes – sont transportés sur le site de Farangi et exécutés. Le village de Kakopétra est rasé et toute vie détruite, même celle des animaux.

 Mais les résistants font de plus en plus pression sur l’occupant et enregistrent de plus en plus de victoires alors que les Allemands accusent des défaites successives et sont complètement déstabilisés.

 

Septembre 1944

 

 A Chania, les représentants de la bourgeoisie crétoise (intellectuels, industriels, gros commerçants, médecins, avocats, juges…) se rassemblent à l’appel de l’Episcopat de Kydonia, dans le but d’organiser une rencontre avec le Gouverneur Allemand pour lui exposer la situation et lui faire comprendre que cela ne peut plus durer : ces massacres d’ innocents et les derniers évènements survenus en Crète étaient intolérables.

Le 2 Septembre, le Commandant allemand Barck s’adresse, sur une place publique de Chania, à la population et a le front d’expliquer que tous les malheurs de la Crète venaient des Anglais qui voulaient soumettre la Crète en accord avec Ankara – la Turquie, ennemie de toujours de la Crète – et entraîner l’île dans une domination bolchevique et islamique.

Le 4 Septembre, le Commandant Schultz, bras droit et représentant du Général Gouverneur commandant la Place Forte de Crète, rencontre le Comité des dignitaires de Chania pour trouver une solution à cette situation devenue dantesque.

Le Comité fait bien comprendre à l’Allemand que ce sont lui et ses compatriotes qui ont engendré toutes ces horreurs et la mort de tellement de victimes innocentes.

 Le Comité exige :       a)  la fin de la famine

                                        b) une amnistie générale

                                        c) le respect du Code de la Guerre

                                         d) le retrait des S.S. de la Crète.

 Pendant tout ce temps le harcèlement des Allemands par les résistants continue de plus belle dans l’île entière. Lentement l’ennemi perd pied.

Les prisons sont libérées par les résistants et le 8 Septembre les nazis se retirent intégralement de SITIA. Puis quelques jours plus tard, ils se retirent d’Ierapetra, non sans dynamiter le pont de Frouzi qui reliait les deux provinces de Sitia et Iérapetra avec le reste du département. Libération d’Agios Nikolaos et de Néapoli.

Les quelques Italiens qui se trouvaient encore dans le Lassithi se réfugient dans le port et essayent, en vain, de quitter la Crète.

 Les Allemands abandonnent l’aéroport de Kastelli. Mais on ne peut en éviter la destruction par dynamitage et bombardements.

 Le Général Miller s’enfuit d’Héraklion.

 Le 25 Septembre l’ELAS avec 140 divisions descend des montagnes par Therisso. Cette journée deviendra historique, car pour la première fois depuis l’occupation allemande, le drapeau grec est à nouveau hissé librement dans cette région montagneuse.

 

Octobre 1944

Les accrochages entre Crétois et Allemands s’intensifient. Toujours grande pénurie de vivres. Les combats se déplacent ver l’Ouest de l’ île.

Les forces d’occupation se retirent de plus en plus vers la baie de Souda et l’aéroport de Malémé. Deux points stratégiques très importants et terriblement précieux pour eux s’ils veulent encore avoir une chance de quitter la Crète.

Toujours de très durs combats dans les villages aux alentours de Chania. C’est à l’ Ouest que les nazis s’accrochent.

Coup spectaculaire des maquisards : ils ont réussi à voler au nez et à la barbe de l’occupant, près de la prison d’Agia, un troupeau de 600 moutons et ont réussi, on ne sait comment, à le ramener dans leurs lignes. Cela fait un sacré apport de nourriture, car partout on en manque cruellement. Tout l’Ouest en rit.

Mais les Allemands minent les terrains dont ils se retirent et ainsi accroissent encore les souffrances des habitants.

 

Novembre 1944

Tout l’Est de l’île, jusqu’à Réthymnon, est maintenant aux mains des maquisards de l’ ELAS.

 Mais à l’Ouest l’ennemi ne lâche pas prise. Le village de Frès est bombardé au début du mois. Le 11 Novembre, après de violents combats à Malaxa, le petit village d’Agios Giorgos près de Néramia est encerclé. La population, réveillée par le bruit de bottes et de moteurs des camions, réussit à s’enfuir, mais est prise sous le feu des mitrailleuses. Les survivants se réfugient au hameau des « Saintes ». Les Allemands engagent la bataille, brûlent toutes les maisons sur leur passage, mais perdent un temps précieux, aveuglés par leur rage destructrice. Ce qui permet aux civils de se sauver et aux maquisards de décrocher et de se replier vers Panagia et là  fortifier leurs positions.

La bataille de Panagia dure trois jours; l’ELAS tient bon et les attaquants se replient de nouveau sur Malaxa.

 

Décembre 1944

Grande bataille à Vafé. Dans ce village se trouvait un Poste Radio anglais. Mais le village, bien fortifié et âprement défendu, après une journée de sanglants affrontements, ne lâche pas. Les Allemands doivent se retirer, non sans prendre des otages.

Sur ce, arrivent d’Athènes deux commissaires politiques à la solde de l’occupant et les exécutions recommencent.

 

Janvier 1945

Création d’ une Armée Nationale Crétoise, encadrée par des vétérans qui avaient combattu en Espagne de 1936 à 1939 et qui connaissent l’île comme leur poche.

L’agent anglais DionysiI soutenu par l’ Episcopat crétois engage des pourparlers avec un commandant allemand pour échanger les prisonniers anglais et grecs contre des prisonniers allemands. Les Allemands acceptent.

Fin Janvier, le Commandant Badouva, Chef Suprême des maquisards, rassemble tous les chefs communistes et tous les chefs militaires pour décider de leur commune campagne pour enfin libérer Chania. Commence alors une mobilisation générale dans toutes les régions déjà libérées.

Les Allemands se ruent vers Voukolies et tentent une percée vers Kisamo, port d’où ils pourraient encore, avec un peu de chance, quitter l’ île. La situation pour eux devient intenable vue la pression qu’exercent les partisans. Malgré leurs défaites de plus en plus cuisantes, les occupants torturent et fusillent encore à qui mieux mieux et le chemin de leur retraite laisse derrière lui une longue traînée sanglante.

Fin Mars, les Allemands qui n’ont pu quitter l’île se rendent et sont faits prisonniers. Ces prisonniers seront remis plus tard à l’armée britannique.

Les « Antartissa » ont réussi à libérer leur terre. On ne peut assez louer leur courage, leurs sacrifices et ceux de toute la population crétoise.

Commence maintenant une période de règlements de comptes et de « nettoyages internes » ; en Crète,  comme partout en temps de guerre, il y a eu des collaborations et des trahisons.

 

Mai 1945

Le 8 Mai 1945,  la guerre est finie

Quatre année d’ occupation sanglante prennent fin. Les Maquisards descendent dans les villes et défilent dans les rues, follement acclamés par la population entière. Ce sont eux, les fils de Crète, qui par leur vaillance et leur abnégation ont, une fois de plus, dans l’ Histoire de leur île, libéré leur Patrie du joug d’un envahisseur, ô combien cruel.

 Les fêtes et les actions de grâce dans les églises  n’en finissent pas.

La Crète, terre trempée du sang de ces hommes, femmes et enfants martyrisés, peut être fière de ses fils.

Il faut souligner aussi que les Anglais, après avoir soutenu les combattants de l’ombre pendant toutes ces années d’occupation, ont soutenu la Crète après l’Armistice et aidé l’ île à se reconstruire.                 

 

Note de l’auteur : Si le ton des écrits vous a paru parfois un peu emphatique, dites vous que je n’ai fait que traduire un journal crétois de l’époque et que les peuples de la Méditerranée  aiment l’ emphase.

Texte et traduction : Simone ZAEGEL

Un livre à lire : Jean MABIRE : La CRETE,  Tombeau des Paras allemands (Presses de la Cité)