Terrible stratégie du gouvernement grec vis à vis des migrants
Dans un article paru le 23 novembre 2020, Médiapart rend compte d’une pratique qui devient de plus en plus courante dans les eaux de la mer Egée, le « pushback » : la marine grecque et les garde-côtes grecs, avec la complicité de Frontex, repoussent les migrants vers les côtes turques sur des radeaux de sauvetage sans moteur après avoir coulé leurs embarcations.
C’est ce qui est arrivé par exemple le 31 octobre lorsqu’un patrouilleur turc a recueilli à son bord 18 Syriens et Palestiniens au large de Kizilburun en face de l’île de Symi.
Les faits
Partis la veille sur un embarcation après avoir versé 2000 € par personne aux passeurs, ces migrants ont été abandonnés en pleine mer puis récupérés par un navire de la marine grecque. Puis, ils ont été « confiés » à des garde-côtes grecs qui, après les avoir dévalisés de leurs biens et de leurs portables, les ont fait monter sur des radeaux gonflables sans gilets de sauvetage. Par chance, les courants ont poussé leur embarcation vers les côtes turques et ils ont été récupérés par les garde-côtes turcs.
« Les enfants criaient, les femmes pleuraient. On a pensé qu’on allait tous mourir parce que la plupart d’entre nous ne savent pas nager » témoigne un des rescapés, ingénieur en électricité à Idlib.
Une pratique de plus en plus courante
« Des pushback, il y en a toujours eu, mais jamais de manière aussi systématique. Actuellement, 35 à 40% des migrants que nous récupérons sont des refoulés… Entre le 1er janvier et le 31 octobre, sur 553 incidents impliquant 17 912 migrants, 252 étaient des refoulements, soit 7682 migrants. » déclare un officier turc.
De telles manœuvres ont déjà été filmées par des navires turcs ; le magazine allemand Der Spiegel a mené son enquête et a révélé qu’à au moins six reprises entre avril et octobre des navires de Frontex étaient présents sur ce type d’opération.
Selon Epaminondas Farmakis, fondateur de HumanRights 360, « les refoulements existent depuis longtemps en Grèce. Ils ont été pratiqués par tous les gouvernements y compris par le précédent gouvernement de gauche Syriza réputé plus ouvert. Mais aujourd’hui ce ne sont plus des actes discrets et isolés, c’est une politique organisée…, une stratégie globale de dissuasion en vue de décourager les réfugiés de venir, assumée par le gouvernement ».
Dans la même optique, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie (droite) a annoncé en octobre la construction d’un mur de 27 km le long de sa frontière terrestre.
Et tout cela avec l’aval de l’Europe !
Des mesures contraires au droit international
Comme l’écrit mon ami François Schmitt, philhellène et membre de l’association Alsace-Crète, « que nous voilà loin de l’image de grand accueil que tentent de donner les autorités grecques de leur si beau pays… Certes, l’Europe a abandonné la Grèce tout comme l’Italie face aux responsabilités communes des 27 pays qui sont sensés prendre chacun sa part des migrants tentant d’arriver dans l’espace européen. Mais de là à prendre des mesures contraires au droit international, et pire encore, contraires aux plus élémentaires droits humains… Et le comble : ils offrent ainsi sur un plateau aux Turcs le rôle de parangons de vertus humanitaires ! »
Jean-Claude Schwendemann,
Président de l’association Alsace-Crète
Laisser un commentaire