En 2015, la population était d’environ 650 000 habitants (75 habitants/km²) dont près de 120 000 résidaient à Héraklion, 60 000 à Chania, 35 000 à Réthymnon, 25 000 à Iérapétra et 20 000 à Agios Nikolaos.

Sur le plan administratif, l’île est divisée en quatre nomes, l’équivalent de nos départements : Lassithi avec son chef-lieu Agios Nikolaos, Héraklion, Réthymnon et Chania.

« Qu’elle est belle la Crète ! Belle ! Ah si j’étais un aigle pour l’admirer du sommet du Vent. » (Nikos Kazantzaki)

Grâce à sa situation en Europe ou dans la Méditerranée la Crète était considérée dans l’Antiquité comme le centre du monde parce que située à égale distance de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie : à 310 kilomètres d’Athènes, 250 kilomètres des côtes du Magne, 320 kilomètres de la Libye et 530 kilomètres d’Antalya.

Ses dimensions : 260 kilomètres de long et entre 17 et 70 kilomètres de large pour une superficie de 8400 km², équivalente à celle de l’Alsace (8280km²). Elle est la cinquième île de Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne, Chypre et la Corse. Et elle a 1000 kilomètres de côtes.

La Crète est une île montagneuse comprenant une vingtaine de sommets de plus de 2000 m d’altitude. Les 4 principaux massifs sont isolés les uns des autres par des plateaux et des dépressions. L’ensemble est parcouru par un réseau hydrographique assez court, alimenté par de grosses sources. Ces reliefs sont dissymétriques, plus élevés à l’Ouest de l’île qu’à l’Est et plus abrupts au Sud qu’au Nord.

 

Carte topographique de la Crète (https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/75/Crete_topographic_map-fr.jpg)

 

Ces caractéristiques sont en lien avec la géologie de la Crète, nature des roches (les roches dominantes sont des calcaires datant du Jurassique et de périodes plus récentes) et déformations dues à la tectonique. La Crète est issue des grands plissements de type alpin (Hellenides) intervenus au cours du Tertiaire (phase tectonique tangentielle et ployante à l’Oligo-miocène, intense soulèvement au Plio-Quaternaire de type cassant à mouvements verticaux).

Comme Rhodes, la Crète n’est pas une île volcanique mais sa position au-dessus d’une zone de subduction active (entre les plaques tectoniques Afrique et Anatolie) lui vaut d’être fréquemment soumise à des séismes. Entre 1900 et 2021, 63 tremblements de terre de magnitude modérée se sont produits (5 – 5,9 sur l’échelle de Richter).

 

Le substratum de la Crète est haché de failles (les rejets peuvent atteindre plusieurs milliers de mètres) délimitant des blocs soulevés (horst) et des blocs affaissés (graben). Les roches affectées par ces failles, dont les plus anciennes datent du Permien (fin de l’ère Primaire, vers – 180 000 millions d’années), sont disposées de façon complexe. Les plus récentes, mises en place au cours du Néogène (Miocène et Pliocène) sont peu déformées (calcaires tendres et friables, conglomérat, marnes grès…) ; elles surmontent les matériaux de deux nappes de chevauchement mises en place antérieurement (elle est contemporaine de la formation des Alpes). Les géologues distinguent :

– une nappe inférieure, Plattenkalk et Tripali, constituée de roches essentiellement calcaires mises en place du Permien au Jurassique moyen (plus de 1000 m d’épaisseur), et dans une moindre mesure, de phyllites, schistes, quartzites, gypse et dolomie partiellement métamorphisés.

– une nappe supérieure non métamorphisée, Tripolotza et Pindos, constituée de dolomie, schistes, calcaires datant de l’ère Secondaire ainsi que des flyschs du Crétacé supérieur et du Tertiaire.

 

L’ensemble de ce dispositif géologique est soumis à la surrection au début du Pliocène ; celle-ci se poursuit au cours du Quaternaire et jusqu’à la période actuelle (soulèvement de 30 à 40cm/siècle à l’ouest de l’île au cours des 2000 dernières années).

 

Le relief de la Crète, issu de cette histoire géologique complexe, présente des hautes terres façonnées pour la plupart dans les roches calcaires qui affleurent dans les 7/10 de l’île et qui portent des morphologies karstiques (doline, pertes, poljies, mais aussi d’importantes cavités souterraines). Les autres roches, comme les schistes métamorphiques affleurent dans l’Ouest de l’île et au Sud (chaîne de l’Asteroussia).

Ce relief se compose de quatre ensembles montagneux aux altitudes plus élevées à l’Ouest et aux versants dissymétriques, plus raides au sud qu’au nord, directement liés à la tectonique :

 

– les Levka Ori (point culminant 2453m) ou Montagnes Blanches comprennent plus de 30 sommets de plus de 2000m d’altitude

 

– le massif du Psiloritis (point culminant 2456m au Mont Ida) flanqué sur sa face septentrionale d’un haut plateau, incliné du Sud vers le Nord

 

– le massif du Lassithi (point culminant, Mont Dikti à 2148m), prolongé vers le Nord par le plateau du Lassithi

 

– les monts de Sitia (altitude inférieure à 1500m, montagne d’Arendis Kavousi de direction Est-Ouest culminant à 1476m).

Il faut y ajouter le massif des Asterousia entre Matala et Ano Viannos avec son point culminant le Kofinas (1230m) situé au centre Sud de l’île.

 

Ces ensembles laissent peu de place aux zones déprimées : étroites plaines côtières (La Canée, Héraklion, Malia, Iérapetra) et seule véritable plaine au Sud, celle de Messara (5 sur 40 km). En font partie également les grands poljés, comme celui du Lissithi (à 887m d’altitude) ou d’Omoulos dont les vastes fonds plats sont bien repérables dans le paysage. Ces dépressions sont remblayées de matériaux Néogène (marnes et parfois calcaires), de fines chassées par l’érosion ou d’argiles issues de l’altération des calcaires (dans les poljés).

Les vallées ont généralement peu d’ampleur en raison de la jeunesse du relief. Dans les montagnes, en particulier dans les Montagnes Blanches et le Mont Ida à l’Ouest, elles ont des allures de gorges profondes et étroites (les Pharangis) qui raccordent par un trait de scie, la montagne au littoral. Elles sont guidées par des failles et déterminées par le soulèvement rapide de l’île (temps trop court pour permettre leur élargissement par l’érosion).

Les caractéristiques géomorphologiques de la Crète sont également lisibles dans l’allure des plus de 1000km de côte aux formes aussi contrastées que le relief. La tectonique, soulèvement, failles et flexures, influence directement ou indirectement leur tracé. Ainsi au Sud, où la côte est quasi-rectiligne, les versants méridionaux des montagnes plongent directement dans la mer et les espaces littoraux bas sont peu développés à l’exception de la Messara (graben remblayé de sédiments récents) et du secteur d’Iérapétra. Au Nord, les altitudes s’abaissent plus graduellement vers la mer par des gradins étagés (escaliers de failles exploités par l’érosion). Là, le tracé irrégulier de la côte est lié à des accidents tectoniques de direction Nord-Sud qui expliquent l’existence de la plupart des promontoires et presqu’îles. Entre, où les conditions sont favorables à la sédimentation, se sont constituées les petites plaines littorales largement exploitées par les installations humaines. C’est là que se situent les principales villes de Crète.

 

Le climat de la Crète est méditerranéen mais avec de nombreuses variantes compte tenu de la situation de l’île et de son relief contrasté.

Comme l’évoque Dimitri Analis dans La Crète autrement, la Crète ne connaît que trois saisons :

« En Crète, les saisons ont la particularité d’être trois, et c’est cet automne absent qui distingue physiquement l’île du continent grec : la première saison, sans doute la plus importante, est celle des pluies. Elle s’étend du début novembre à la fin février. Ensuite, c’est un long et lent printemps s’étirant dans toute sa verte sensualité jusqu’en juin… Avec l’été, la sècheresse s’installe brusquement pour traîner jusqu’à la fin octobre, après les vendanges. »

La saison humide, qui reçoit 80 à 90% des précipitations, est déterminée par des basses pressions qui circulent entre les anticyclones Asiatique et de l’Atlantique Nord et qui attirent les dépressions du front polaire. L’été est sec et chaud ; les températures excessives sont atténuées par le vent.

Des différences notables existent entre l’Ouest où le climat est plus humide et l’Est, parfois semi-aride (200 à 300 mm de pluie par an) mais également entre les zones basses et les montagnes qui reçoivent deux fois plus de pluie. Il tombe en moyenne 1000 à 1300 mm de pluie par an sur les massifs montagneux et de 650 à 750 mm ailleurs

 

La mise en valeur de l’île est ancienne. L’île a été en grande partie déboisée pour permettre l’agriculture. Mais seuls plateaux et zones basses sont exploités. L’élevage concerne de grands espaces dans l’ouest de la Crète. Ailleurs les cultures fruitières, le maraichage, la vigne sont présents. L’olivier est le roi de la Crète et les plantations constituent une quasi-monoculture dans la moitié Est de l’île où est produite une grande partie de l’huile d’olive grecque.

Cependant le secteur économique florissant est le tourisme amplement développé ; il exploite le potentiel naturel de la Crète (paysages contrastés et climat favorable une grande partie de l’année…) et son histoire dont les empruntes sur le terrain sont nombreuses, variées et…… fabuleuses.

 

Auteurs: Jeanine CORBONNOIS et Jean-Claude SCHWENDEMANN

Bibliographie :

Bonnefont Jean Claude : La Crète, étude morphologique. Thèse d’état. Service de reproduction des thèse de l’Université de Lille 1972. 845p.

Bonnefont Jean Claude : Recherches sur les paysages agraires de Ctète Centrale et Orientale.  RGE – 1971 – 1. 2-22.

Fabre Guilhem, Maire Richard : Néotectonique et morphogénèse insulaire en Grèce : le massif du Mont Ida (Crète). In: Méditerranée, troisième série, tome 48, 2-1983. Evolution récente des paysages de la péninsule hellénique. pp. 39-49; doi : https://doi.org/10.3406/medit.1983.2124 https://www.persee.fr/doc/medit_0025-8296_1983_num_48_2_2124

Maire Richard : Les hauts karsts de Crète (Ida et Levka Ori) in La haute montagne calcaire : Karsts – Cavités – Remplissages – Quaternaire – Paléoclimats. Karstologia-Mémoires n°3-1990. 731p.
Voyage géologique en Crête, ENSG 2015, http://www.spefrance.org/web2/images/pdf/Fieldtrip/Part%201%20-%20Rapport_ENSG_crete_2015.pdf. 25p.

Le climat de la Crète : http://hikersbay.com/climate-conditions/greece/crete/conditions-climatiques-en-crete.html?lang=fr