Quel fil suivre quand nous arrivons sur le sol crétois par les airs comme l’avaient rêvé Icare et son père? Cette île est un labyrinthe où se croisent les routes mythiques ou historiques ; celles des Minoens et des Grecs, les voies romaines, les chemins des bergers, qui souvent voulurent résister aux envahisseurs que la mer leur amenait. Enfin aujourd’hui de nombreuses voies rapides quadrillent le pays. Ainsi le visiteur du 21ème siècle chemine sur les pas des héros antiques, des colonisateurs successifs et des hommes des temps modernes, insurgés, politiciens, artistes, qui ont peu à peu modelé le visage actuel de la Crète. Il se perd dans le dédale des époques, des légendes emmêlées, des histoires entrecroisées. Longtemps après être revenu, il cherche encore comment fixer dans sa mémoire tant d’images, d’impressions et de souvenirs. Ce journal y contribuera peut-être un peu !

Bernadette, Françoise et François

Lundi 12 septembre

Le réveil est fixé à 4 heures. De Lingolsheim à Bâle-Mulhouse, il faut bien compter 2 heures de route. Après un petit déjeuner très rapide, les valises sont embarquées, tout le monde monte en voiture et après un trajet effectué en un temps record, et tout en prenant soin de respecter les limitations de vitesse, nous voici à Bâle-Mulhouse en une heure et dix minutes.

Une longue file pour l’enregistrement, un contrôle rapide où rien de suspect ne sonne et nous voici prêts à prendre un petit café avant d’embarquer avec Air Berlin. Voyage parfait avec un beau temps qui évite toute secousse…

Arrivée à 11 h 28 à l’aéroport d’Héraklion. Ouf ! Notre aftokinito, une Renault Clio bleu foncé, nous attend, révision faite (mais compteur kilométrique bloqué !…). Départ pour Gouves pour trouver notre premier hébergement. L’homonymie de deux hôtels complique un peu la recherche, dans le dédale des rues de cette bourgade située à l’est d’Héraklion en bordure de mer. Accueil par un petit chien qui nous souhaite la bienvenue à pleine voix et par un chaton plus discret. Installation rapide dans les deux chambres sur terrasse et déjeuner dans une taverne du bord de mer, le « café en bois » («το ξυλινο καφε»). Au menu moussaka et gemista (légumes farcis.) Nous voilà dans l’ambiance !

Première excursion archéologique à Cnossos dans l’après-midi.

Nous y arrivons très rapidement vers 16 heures et il n’y a pas trop de voitures ou bus sur le parking.

Personne devant nous à la caisse où nous apprenons que nous avons droit à une réduction en tant que membre de la confrérie des plus de 65 ans ! Bonne surprise, mais aussi rappel douloureux de cette vérité vraie ! Nous commençons néanmoins la visite, avec beaucoup d’entrain malgré la chaleur.

Nous slalomons entre les guides qui proposent leurs services dans toutes les langues pour accéder au site. Mais nous préférons explorer à notre façon les vestiges du palais de Minos.

Après un petit arrêt devant la statue d’Evans, le découvreur du lieu, nous arrivons près de vestiges circulaires que l’on interprète comme des puits à offrande ou plutôt comme des réserves à grains (kouloures).

Nous nous dirigeons ensuite vers l’entrée Ouest qui nous mène vers les édifices restaurés en longeant les magasins qui contiennent encore de très grands pithoi (jarres).

Sur les murs, nous admirons les copies des fresques retrouvées sur place. La restauration permet de se faire une idée de la magnificence de ces palais, édifiés il y a plus de 3000 ans. Des colonnes peintes en rouge et qui s’évasent vers

le haut bordent un escalier monumental qui donnait accès au premier étage du palais. Puis on descend pour parvenir au vestibule de la salle du trône. On ne peut y entrer mais on y voit le célèbre trône de Minos trouvé par Evans lors des premières fouilles. Sur les murs, une copie de la fresque aux griffons. Un escalier permettait de descendre plus bas vers ce que l’on appelle « les Bains lustraux ».

On accède ensuite à la cour centrale, vaste esplanade où pouvaient se dérouler des cérémonies tauromachiques comme celles que l’on voit représentées sur certaines fresques.

Plus au nord une grande salle hypostyle à côté de laquelle un escalier conduit vers un deuxième bain lustral. Une voie dallée qui se dirigeait vers le port mène vers un espace rectangulaire bordé de gradins sur deux côtés. Revenant vers la cour et plus à l’est se trouvent encore de nombreux bâtiments domestiques et le corridor où l’on trouva le jeu d’échecs exposé au musée archéologique d’Héraklion. On y a localisé différents ateliers (lapidaire, potier, etc.) Au sud, on visite le « Megaron du roi » .On y trouve la chambre des archives aux tablettes inscrites. Près du mégaron de la reine, une salle de bains est décorée de la copie de la fresque aux dauphins.

Nous arpentons toutes ces ruines, pleins d’admiration et parfois un peu perdus. Il faut se plonger dans les guides et se repérer grâce aux plans.

Après une visite de deux heures, un peu fatigués, nous nous dirigeons vers la sortie et après un petit tour dans la boutique du site; malheureusement un peu dégarnie, jus d’orange et baklavas permettent de reprendre des forces dans la taverne établie à l’entrée.

Puis nous reprenons la direction de Gouves pour une agréable baignade où nous découvrons que la clientèle russe est fort bien représentée. La journée se terminera par un repas copieux à la taverne de la « Medusa », recommandée par notre logeuse et par Tripadvisor. Je me souviens notamment d’un « kleftiko » succulent.

Mardi 13 septembre

Départ à 9h pour Malia, qui se trouve à quelques kilomètres à l’est d’Hérakleion. Nous nous régalons d’un petit déjeuner minoen frugal, mais agrémenté d’un délicieux yaourt au miel, directement à l’entrée du site sous une tonnelle ombragée. Peu de monde à cette heure matinale et la visite du site, dont les fouilles sont menées depuis plusieurs décennies par des équipes françaises (J. Charbonneaux, A. Farnoux, entre autres), est agréable.

Ici, pas de reconstitution, mais des bâtiments bien dégagés, dont le plan est bien lisible et les murs ont été consolidés en l’état. Des informations en français jalonnent le parcours, ce qui mérite d’être signalé, car nous n’en retrouverons pas ailleurs où tout est en grec et en anglais. Un petit musée avec de belles maquettes et des frises de photos anciennes des premières fouilles complète la visite du site.

Dès l’entrée nous retrouvons les « koulourès » circulaires, déjà vus à Cnossos, ainsi que des jarres monumentales qui jalonnent des magasins. La cour centrale est bordée au nord par des magasins protégés par une couverture. Il s’agit de six pièces avec des banquettes le long des murs, des rigoles sur le sol et un réceptacle peut-être pour recueillir les liquides qui se répandaient ? Sur le côté ouest, un escalier central devait donner accès aux étages et pouvait aussi servir de gradins quand des cérémonies se déroulaient dans la cour. On a trouvé sur une terrasse un peu au dessus de la cour, une table à offrande circulaire le « kernos ».

L’entrée monumentale se trouvait au sud et était reliée à la cour par un vaste corridor. Les appartements royaux comprenaient des

salles typiques avec polythyron (murs percés d’une série de portes) et bain « lustral », comme dans d’autres constructions minoennes.

Après deux heures de visite sous le soleil, départ pour Héraklion afin de visiter le célébrissime musée archéologique et la ville. Nous évitons les nombreux magasins qui au bord de la route proposent des fourrures russes ! La température voisine de 30° ne nous incite guère à nous arrêter.

Nous trouvons le musée sans avoir vraiment à le chercher, car par miracle on a réussi à se faufiler dans une place de stationnement… juste devant l’entrée, ce que nous découvrons en sortant de voiture. Miracle ! Les dieux de l’Olympe ou du Psiloritis sont avec nous !

A l’entrée du musée archéologique, le « Prince aux lys» de Cnossos nous attend. Une présentation chronologique permet de voir les pièces principales provenant des divers sites minoens, mycéniens et romains, mais cette présentation est sans doute bien incomplète par rapport aux magnifiques collections de ce musée, actuellement fermé pour un réaménagement muséographique. Seules les pièces majeures sont livrées à l’admiration du nombreux public, mais cela vaut malgré tout le coup, en particulier pour les fresques dont nous découvrons les originaux après en avoir vu quelques copies à Cnossos, sans oublier les parures en or, les vases à décor naturaliste, les figurines en céramique, en bronze, en ivoire… La réouverture semble prévue pour 2012 !!!, mais comme nous le dira un peu plus tard le libraire Nikos, cela fait plusieurs années que ce musée doit rouvrir … l’année suivante.

Après la visite du musée nous nous dirigeons vers la ville, car les nourritures intellectuelles ne suffisent pas ! Mais nous nous arrêtons devant une librairie spécialisée dans la poésie, qui se trouve juste en face des bâtiments du musée, nous y entrons et trouvons Nikos, le libraire, qui apprécie tout particulièrement la poésie française Il est en train de lire une traduction des poèmes d’Henri Michaux. Il nous lit, « Le Vent » en grec, et nous le lisons ensuite à notre tour en français. Il nous invite aussi à boire un verre de vin blanc en guise d’apéritif. On trouve sur ses étagères de nombreuses traductions en grec de poèmes français dont celle des « Fleurs du mal » de Baudelaire et bien d’autres merveilles.

Ravis par cette rencontre imprévue, nous réalisons qu’il est 14 h et donc temps de trouver une taverne. Nous allons jusqu’au sur le port et nous installons en face de la forteresse vénitienne. Menu grec car nous avons réussi à ne pas craquer pour la pizza « aux gens de mer » (traduction : aux fruits de mer !) figurant sur la carte, et nous n’hésitons pas à partager le repas avec un petit chat un tantinet griffeur.

Puis en route pour la découverte de la ville, sans oublier la poste où nous récupérons moult timbres (à 0,75 Euro exhortant à « Visiter la Grèce »).

Au programme : la forteresse vénitienne en cours de restauration, les rues commerçantes, la belle fontaine aux lions de Morosini (1624), la loggia vénitienne datant de la même période (1626-28) qui est devenue mairie, la place et le parc El Greco, la fontaine Bemboni, son kiosque, l’église orthodoxe Saint-Titus (où est conservé le crâne du martyr), le monument en bronze à trois chevaux…

Tout cela nous mène à 16 h 50 devant le musée historique de Crète, pile dix minutes avant la fermeture de 17 h. Pour nous consoler, nous nous attablons face à la fontaine pour boire trois cafés « fredo » avant de repartir pour Gouves. Plongeon dans la mer en face d’un vrai site archéologique non identifié, mais qui a miraculeusement échappé au chantier voisin de l’hôtel Poséidon.

Mercredi 14 septembre

Bagages bouclés et départ pour la suite de notre périple archéologique, en emportant de petits cakes offerts pas notre logeuse. Premier arrêt à Héraklion pour visiter le musée historique, mais pas sans petit déjeuner. Café face à la mer, avec accueil maussade et eau payante (!) ; seul un magistral yaourt au miel nous console un peu.

Le musée historique ouvre à 9 h : il est très intéressant et permet de parcourir toute l’histoire complexe de la Crète entre Byzantins, Ottomans et Vénitiens, de même que les guerres et les convulsions politiques qui ont marqué l’histoire des 19e et 20e siècles. On y voit aussi le seul tableau de Theotokopoulos, plus connu sous le nom du Greco.

En route vers le Sud et le site d’Archanès, où le musée est fermé et le site introuvable. La nécropole de Fourni est cependant indiquée et nous tentons de suivre autant que faire se peut le fléchage minimaliste à partir du village. A la place de la grande nécropole minoenne attendue, nous ne trouvons en fait qu’une sorte de théâtre en plein air très largement reconstruit et de gros blocs épars sur toute la montagne. Deux touristes français venus en scooter depuis Héraklion cherchent eux aussi vainement le site entre les buissons ; nous faisons un bout de chemin avec eux, mais sans doute ne sommes nous pas au bon endroit, car notre recherche se révèle vaine.

Un nouveau site de maison minoenne nous attend un peu plus loin à Vathipetro, au bout d’une belle allée dallée spécialement construite pour mener à l’entrée.

La Clio s’engage mais le site est inaccessible et le demi-tour assez acrobatique !

Déjeuner de consolation à Agii Deka. Le Petit Futé avait raison, il y a bien une terrasse avec vue sur les oliviers chez Dimitri. Excellent déjeuner (dont des paximadia succulents) à un prix imbattable. Après avoir rendu visite aux dix martyrs qui ont donné leur nom à la localité et dont les tombes sont creusées dans le rocher près de l’église, en route pour Agia Galini à travers de beaux paysages de montagne.

L’hôtel Minos, repéré par nos prédécesseurs, nous attend. Après une installation rapide, nous partons à la découverte de la plage. Il faut descendre à pied, car le village est situé à flanc de coteau, mais cette petite marche vient à point pour nous préparer à plonger dans la mer chaude et transparente. Peu de monde à cette heure tardive (17h).Toujours sur les bons conseils d’autres voyageurs, nous partons dîner dans la taverne Horiatis : accueil sympathique et visite de la cuisine pour choisir les plats de visu. Excellent ouzo, « secret du patron ».

Jeudi 15 septembre

Un petit déjeuner pantagruélique nous est servi à l’hôtel : en plus du jus de fruits et du café ou thé traditionnel, pain, gâteaux, fruits divers garnissent la table. Notre régime crétois est mal parti !

Nous arrivons à Phaestos dans la matinée, avant l’arrivée des cars, ce qui permet de découvrir le site, qui est situé sur une colline qui domine la plaine de la Messara.

Il fut fouillé dès 1900 par des Italiens, qui ont découvert comme à Cnossos et à Malia des vestiges de plusieurs palais successifs. La cour haute offre une vue d’ensemble, on y voit des vestiges tardifs de l’époque hellénistique. La cour ouest est bordée par les gradins du théâtre et traversée par une voie processionnelle. Un escalier mène à la cour centrale.

On voit aussi une salle à colonnes qui communique avec des magasins ainsi qu’une crypte à deux piliers. Sous le dallage ont été trouvés de nombreux sceaux. Au cours de la visite, nous découvrons des pierres marquées des signes hiéroglyphiques déjà vus à Cnossos et Malia ; doubles haches, étoiles, tridents, etc..Les appartements royaux se situaient au nord, on y a découvert aussi des archives et des ateliers, d’où l’on exhuma le célèbre disque de Phaistos que l’on n’a pas su déchiffrer à ce jour. Nous nous installons à l’ombre des pins pour mieux lire les explications des guides et nous imprégner de la beauté du site.

Puis nous nous dirigeons vers Agia Triada, site moins important situé à quatre kilomètres de là. Des pièces uniques de l’art minoen y ont été mises à jour. Le nom du lieu est celui d’un village abandonné. Une chapelle dédiée à Aghios Georgios domine le site sur sa gauche. Une voie dallée reliait sans doute ce site à Phaestos. La résidence minoenne d’Agia Triada fut qualifiée de « royale », du fait de son élégance, de la grande diversité et de la richesse des objets et fresques qui y furent mis à jour, notamment le sarcophage peint du musée d’Héraklion

Non loin de là, arrêt à Vori, pour voir le Musée d’Ethnographie crétoise, qui a eu le prix européen des Musées en 1992 : présentation très large de la vie quotidienne, des activités, des techniques et des traditions de la Crète à travers de nombreux et souvent beaux objets, outils, vêtements du 18e au 20e siècle. La muséographie avec de grandes vitrines à fond noir est largement influencée par celle du Musée des Arts et Traditions populaires de Paris dans la droite ligne de Georges-Henri Rivière et d’André Leroi-Gourhan à travers des approches croisées.

Alentour le village conserve quelques belles maisons anciennes qui méritent une visite. Puis nous nous mettons en quête d’une taverne recommandée sur le site d’Alsace-Crète « Les Belges », et dont les panneaux publicitaires sont omniprésents au bord de toutes les routes du secteur, ce qui pique notre curiosité. Nous découvrons un établissement un peu à l’extérieur du village. L’accueil manque de chaleur et le décor est quelconque. La nourriture est convenable. Pour finir, on réussit tout de même à engager la conversation avec le propriétaire des lieux, qui nous explique cette appellation bizarre. Sa famille a habité durant trente ans en Belgique flamande avant de revenir au pays pour ouvrir un restaurant dans le village natal de sa mère. Tout s’explique!

Après le déjeuner, nous traversons des villages de la plaine de la Messara. notamment Pitsidia, avec des dizaines de serres un peu partout, en plus ou moins bon état.

Arrêt à Kommos. Au nord de la magnifique plage, s’étend un site, dont on pense qu’il s’agissait du port de Phaistos.

Les fouilles commencées en 1976 n’ont pas encore livré tous leurs secrets !

Après la baignade, on essaie d’approcher du chantier, mais l’accès est interdit. Par delà la clôture, on voit des constructions en pierre taillée.

Soudain apparaît un hélicoptère assez poussif, sous lequel pend une nasse pour puiser de l’eau, cela signifie qu’un feu s’est déclaré dans les environs. Il reviendra plusieurs fois pendant que nous profitons de la baignade !

En repartant, nous obliquons vers Matala, devenue horriblement touristique depuis que ses grottes ont été hantées par les hippies dans les années 1960. Partout hôtels, chambres à louer, installations touristiques diverses. Nous ne prenons même pas le temps de nous arrêter.et repartons en direction d’Aghia Galini. Pour le dîner, nous descendons à pied par un sentier assez abrupt et des escaliers, et terminons perchés tout en haut de la taverne Panthéon, presqu’en face des statues de Dédale et Icare qui surplombent le village. La légende prétend qu’ils se seraient échappés du labyrinthe tout proche pour s’envoler depuis cette falaise. Repas apprécié, mais un peu long à venir, ce qui nous vaut un raki offert par la maison ! Un passage chez Dodoni et ses glaces crémeuses avant de rentrer chez Minos. La route est escarpée, mais donne aux gourmands le loisir de mieux digérer.

Vendredi 16 septembre

La journée débute par un petit déjeuner toujours aussi plantureux, mais avec quelques variantes : aujourd’hui, il y a en plus stafilia (raisins), croque-monsieur, beignets au Nutella…

Grâce à un touriste allemand (qui vient de Fribourg-en-Brisgau), nous apprenons qu’un marché se tient à Timbaki. Pas d’hésitation, on y va. Quelques remarquables découvertes kitsch sur les stands manquent de nous faire craquer : cendrier en porcelaine avec une copie d’un tableau de l’impératrice d’Autriche par Winterhalter, chaussures à 1 Euro, mais il faut arriver à réunir la paire, ex voto en métal, jolis rideaux à décor crocheté. Un achat tout de même : un superbe short beige du plus bel effet et pour 5 Euros, sans marchander !

Après avoir sacrifié au rite local du marché, nous revenons à la culture savante avec la visite de l’énorme site romain de Gortyne qui s’étend sur plusieurs hectares. La ville est déjà citée par Homère.

Selon la tradition, on admet aussi que Paul y prêcha le christianisme ; après avoir été contraint par une tempête d’aborder dans l’île.

La basilique Saint-Titus et l’odéon dont les murs portent le texte des célèbres lois de Gortyne sont les seuls vestiges bien lisibles.

Les ruines de l’église se dressent à l’entrée. On voit aussi une glyptothèque où l’on a réuni quelques belles trouvailles faites sur l’ensemble du site qui couvre 400 ha. Plus au nord, on se

dirige vers l’odéon romain construit au 1er siècle av J-C et la Grande Inscription que l’on appelle le « code de lois de Gortyne ». Gravée sur des plaques en tuf, c’est le plus ancien code urbain d’Europe. Le site est également remarquable par ses arbres extraordinaires : des oliviers séculaires et un platane toujours vert.

Pour le reste, il faut être plus débrouillard. Ainsi après erré de l’autre côté de la route en direction de Mitropoli au milieu de champs d’oliviers, jonchés de tuiles, pierres et tessons divers, nous finissons par découvrir un édifice en cours de fouille : un panneau révèle qu’il s’agit d’une basilique paléochrétienne. Nous nous reprenons ensuite la direction d’Agii Deka, mais la route s’arrête, On persévère et la voiture s’engage sur un chemin de terre caillouteux. Cela valait en effet la peine, car c’est là que se dressent les ruines les plus spectaculaires de la ville antique : autour de l’agora du prétoire, on voit un temple d’Apollon, des thermes, des demeures privées, d’autres monuments publics. Des fouilles sont en cours, bien qu’aucun archéologue ne soit visible à l’horizon.

Déjeuner à Agii Deka chez Dimitri pour retrouver une seconde fois la terrasse avec vue sur les oliviers. Puis visite du village qui regorge de fragments antiques remployés dans les maisons les plus anciennes et de belles maisons traditionnelles à vendre….

Après le repas, départ pour Zaros et les montagnes du Psiloritis. En chemin, non loin du village d’Ampelouzos, nous sommes attirés par un panneau qui nous indique la direction du « labyrinthe ».

Comment ne pas y aller ? Nous grimpons à travers la campagne et arrivons bientôt loin des chemins touristiques à l’entrée du mythique labyrinthe ? Est-ce là que fut enfermé le terrible Minotaure ? Il s’agit d’un ensemble de galeries, sans doute des carrières creusées dans le roc de plus de 2000 m. de longueur et qui, servit aussi de dépôt d’armes pendant les périodes récentes de la dernière guerre.

Un peu plus loin, sur le même itinéraire, nous découvrons des oliviers vénérables dont le plus ancien affiche 3000 ans (datation par dendrochronologie effectuée en 2002).

Puis nous retrouvons la route en direction du Monastère de Vrondisi. A l’entrée, un moine armé d’un fusil nous impressionne, et il n’est pas très avenant. Dans la cour, une fontaine vénitienne du 16e siècle décorée de représentations d’Adam et d’Eve.

L’église à deux nefs est dédiée à saint Antoine avec de très belles fresques du 15ème et d’autres plus récentes.

Plus loin, le monastère d’ Agios Fanourios est fermé, mais une habitante de Camarès, assise au bord de la route, nous invite à revenir à 20 h. Nous n’y serons pas et par la même route étroite, encombrée de voitures et d’un camion qui se pousse pour nous céder le passage.

Nous descendons vers Agia Galini ; les uns vont se baigner, les autres se cultivent au frais sur le balcon en lisant Le Monde.

A 20 h, il est temps d’aller se sustenter en empruntant à nouveau le chemin pentu qui descend vers le village. Pas de chance, le restaurant que nous avions repéré le premier jour est toujours pris d’assaut et nous explorons donc une nouvelle adresse sur le port juste à côté des glaces Dodoni. Leur carte est variée et le repas se termine par le désormais traditionnel raki qui nous assure une bonne digestion et un sommeil de plomb.

Samedi 17 septembre

Après le petit déjeuner, au revoir à notre logeuse vers 8 h 30 pour faire un tour chez Dédale et Icare que nous avions snobés jusque là. Leurs effigies surplombent le village, attestant que c’est bien d’ici qu’ils se sont envolés pour échapper à la colère de Minos. Nous prenons la direction de Rethymnon avec un détour au monastère de Préveli, un des hauts lieux de l’histoire de la Crète en raison de la résistance acharnée de ses moines et de la population qui s’y était réfugiée contre les Turcs. Pour y arriver, il faut traverser les gorges de Kourtaliotiko. Nous évitons les 200 marches qui nous auraient permis de nous recueillir dans la chapelle d’Aghios Nikolaos !

On arrive ensuite au premier monastère abandonné, mais entouré de grilles qui interdisent l’accès. Quelques kilomètres plus loin on arrive à Pisso Monastery qui est encore habité et ouvert au public. A l’arrivée, les petits cakes de Gouves font le bonheur des chats du secteur.

Ce monastère a joué un grand rôle dans l’histoire de l’île. Fondé au 17ème siècle, il servit de refuge aux révolutionnaires lors de la lutte contre les Turcs ainsi qu’aux troupes alliées qui s’embarquèrent pour l’Egypte après la bataille de Crète en 1941.

L’endroit est bien agréable, bien que les environs aient été calcinés en 2010. Dans la cour qui surplombe la mer et aux environs immédiats, s’ébattent de nombreux animaux, ânes; moutons, chèvres, lapins, volailles, etc. Pour entrer plus avant, il faut passer par la caisse et un moine suspicieux décide que les genoux des dames doivent être cachés par une jupe qu’il tend d’un air sévère. Un petit musée présente des objets religieux et des produits de la ferme. Dans l’église à deux nefs il y a un beau retable et des sculptures en bois doré. Un moine bien replet s’y ennuie beaucoup, dirait-on !

En repartant, nous nous arrêtons près du monument élevé à la mémoire des résistants au bord de la route. Il faut escalader la clôture pour s’en approcher et déchiffrer les hommages gravés sur la stèle.

En fin de matinée, arrêt à Spili pour admirer la superbe fontaine vénitienne dont les 20 têtes de lions crachent une eau bien fraîche, nous grimpons dans les ruelles escarpées du bourg. Nous ne pourrons visiter les églises du lieu qui sont fermées. Nous nous contenterons donc de déjeuner chez Antigone, une taverne ombragée du bord de la route.

Puis nous arrivons heureusement à temps pour découvrir la vaste nécropole minoenne d’Armeni, un peu avant 15 h, l’heure de fermeture du site. Dans un petit bois de chênes se succèdent près de 200 sépultures. Les tombes à long couloir et chambre funéraire à coupole sont creusées dans le rocher, alignées les unes à côté des autres, mais sans ordre véritable. On y a découvert de nombreux sarcophages et de nombreux objets que l’on peut admirer dans les musées de l’île. Un jeune archéologue solitaire dégage l’une d’entre elles. Nous repartons très impressionnés par cette promenade parmi des tombes datant de près de 3000 ans. Il est temps de gagner notre prochaine étape, Rethymnon.

La recherche de notre gîte commence sous de mauvais auspices, car la sortie est assez mal indiquée et la route côtière difficile à trouver ; pas de panneau de localité et encore moins de noms de rues, avant d’atteindre enfin les faubourgs de Rethymnon. Miracle : le premier panneau de rue que nous arrivons à déchiffrer est le bon !

L’hôtel Hyacinthos est tout près et il y a même une place de parking devant la porte. A notre grande surprise,nous sommes accueillis dans un français parfait. et nous nous installons avant de gagner la plage toute proche, juste au bout de la rue.

Visite de la vieille ville, avec ses jolies rues étroites où l’on peut voir des façades vénitiennes, la jolie fontaine Rimondi la loggia transformée en boutique des musées ainsi que des boutiques en tous genres. Nous entrons également dans une superbe maison turque pour admirer une belle exposition d’icones et de tableaux. Pour nous remercier de notre visite, on nous offre l’apéritif sur la terrasse tout au haut de l’immeuble, avec vue sur la ville illuminée. Pour échapper aux rabatteurs des tavernes du port vénitien, nous atterrissons dans un lieu plus calme où peu de personnes sont attablées, espérant ainsi dîner sans trop attendre. Mauvaise idée, car les plats sont très longs à venir, fort mauvais et l’addition est particulièrement salée. Retour par la route des plages.

Dimanche 18 septembre

Excellent petit déjeuner avec moult gâteaux et gelée d’orange et de citron maison. Au programme de la matinée, visite détaillée de Réthymnon, la troisième ville de Crète.

Nous sommes à 9 h à la Fortezza, construite par les Vénitiens, mais qui fut prise par les Turcs en 1645. C’est un vaste ensemble construit sur un promontoire et défendu par sept bastions. A l’intérieur nous visitons une mosquée, deux églises, des bâtiments d’habitation et des entrepôts. Nous sommes presque seuls à visiter les lieux à cette heure matinale. Pensée émue pour Raymond Waydelich qui a présenté son exposition «Alsace Kreta» dans l’un des vastes bâtiments du site.

Le Musée archéologique est juste en face avec de nombreuses pièces provenant des sites environnants, dont de remarquables larnakes, des sarcophages en céramique à riche décor peint. Des travaux d’élèves jalonnent l’ensemble des vitrines du musée et témoignent d’activités pédagogiques menées dans le musée

En sortant, nous prenons un pot sur le port vénitien avant de nous rendre à Roustika, par Episkopi, comme nous l’ont recommandé des amis.

Nous trouvons facilement la taverne de Nikos et Helena. Ils nous accueillent avec beaucoup de gentillesse et nous installent sous un grand mûrier. Ils sont très occupés mais tiennent à nous faire goûter tous les bons petits plats locaux qu’ils ont préparés. Après le déjeuner, nous nous baladons dans les rues en attendant la visite de la maison de l’écrivain Manolis Anagnostakis (1925-2005), dont la famille est originaire de ce village. Son oeuvre poétique est représentative de son époque et bon nombre de ses textes ont été mis en musique, notamment par Mikis Théodorakis et Angélique Ionatos. La demeure familiale a été transformée en centre culturel que nous fait visiter Emmy Papavassiliou qui a aussi organisé une exposition sur le poète que nous pouvons parcourir. Nous admirons également la maison que son mari architecte a très bien rénovée.

En fin d’après-midi, retour à Rethymnon pour une courte baignade et dîner sur le port vénitien, chez Knossos, que l’on nous a recommandé. Le service est assuré par un personnage haut en couleurs qui cherche à attirer (un peu trop) les clients par ses talents d’amuseur polyglotte !

Lundi 19 septembre

Nous arrivons en avance pour le petit déjeuner et avons ainsi l’occasion de discuter un peu avec notre hôtesse, qui était professeur de français et a fait des études à Nice. Elle tient maintenant cet hôtel avec son fils. Tout s’explique ! Une fois encore, nous nous régalons avec les gâteaux, confitures, gelées que fabrique notre hôtesse.

Départ pour Arkadi.

Ce monastère s’élève à l’est de Réthymnon, encore entouré d’un rempart. Selon la tradition, il fut fondé par l’empereur Heraclius, et reconstruit au 5ème siècle par Arcadius. L’église actuelle aurait été édifiée en 1587 pendant la période vénitienne. Son histoire est fortement liée à l’insurrection de 1866 contre les Turcs.

Les insurgés, assiégés ont fait sauter le monastère qui est devenu un symbole de Liberté.

C’est un havre de paix, à cette heure matinale, où les chats se dorent au soleil.

Nous franchissons le superbe portail Renaissance de l’église et parcourons aussi l’ensemble des bâtiments très bien restaurés Au musée sont présentés des d’icônes et des objets liturgiques.

Une petite route nous amène ensuite au site d’Eleftherna. La ville dorienne fut détruite lors du tremblement de terre de 365. Depuis 1985, elle fait l’objet de fouilles, suivies par l’Université de Crète. La visite du site se mérite, car les vestiges sont éparpillés dans la nature : rempart et tour effondrée, église byzantine et son cimetière, bâtiments hellénistiques et romains.

Le village de potiers de Margaritès est fidèle à sa réputation; les potiers sont partout, avec des productions diverses, de la copie de céramiques archéologiques à des créations plus audacieuses. Une ruelle étroite nous amène par hasard à l’atelier de

Daniel, un Français qui a fait ses études à Sciences Po à Strasbourg avant de se lancer dans la .poterie.

Nous cherchons le potier, avec qui a travaillé R. Waydelich, mais il n’est pas visible ; il est 15 h, et c’est l’heure de la sieste.Nous nous mettons à la recherche d’une taverne et nous a choisissons celle où nous apercevons au fond de la cour un alambic

Retour par des routes de montagne avec de beaux paysages et des villages parfois presqu’abandonnés puis petit plongeon dans la mer près de l’hôtel. Pour la dernière soirée, nous retournons dîner sur le port vénitien, mais nous préférons aller chez Vassilis (celui du Guide du routard), qui semble s’être agrandi car la taverne voisine où on nous installe semble lui appartenir également. Après le repas, impossible de ne pas goûter les magnifiques glaces proposées sur le chemin du retour vers la voiture.

Mardi 20 septembre

En route pour Chania, en passant par Vrisses, la capitale du yaourt au miel, établie sur les bords d’une rivière aux eaux abondantes même en été.Malgré le petit déjeuner très fourni, nous nous installons à une terrasse pour la dégustation qui s’impose : elle vaut largement le détour

Avec la nouvelle route, Vrisses attire moins les touristes et les commerces s’en ressentent. Une dentellière rencontrée au cours de notre balade dans les rues du village nous parle des difficultés de la vie quotidienne en ces temps de crise. Nous lui achetons de magnifiques napperons, dont nous ne saurons trop que faire à la maison, mais il faut bien récompenser tant d’années de labeur qui pourtant n’ont pas réussi à lui assurer une retraite confortable.

Notre périple se poursuit par Aptera, vaste site dont l’acropole est entourée d’une muraille longue de plusieurs kilomètres. Des fouilles sont en cours sur l’une des portes de la ville. La chaleur encore vive ne nous empêche pas d’explorer les lieux en détail.

Nous trouvons un peu plus loin les ruines d’un théâtre romain construit par-dessus un théâtre grec plus ancien, d’une villa Plus loin encore de gigantesques citernes à trois voûtes à l’ombre desquelles il fait un peu plus frais. On se croirait dans une cathédrale.

En contrebas, des bâtiments encore partiellement debout font penser à des thermes et plus au sud se dressent encore des constructions militaires. On y voit aussi le monastère de Saint-Jean le Théologien et plus loin vers la mer une forteresse. Toutes les époques sont présentes, puisque nous avons même trouvé au bord du chemin un espace clôturé où l’on a signale un édifice daté de la seconde guerre mondiale !

La route se poursuit par le port de Souda jusqu’à Chania. Nous dépassons la ville pour rejoindre directement Platanias où nous avons réservé un appartement qui se révèle un peu difficile à trouver.

En fin d’après midi, nous repartons pour Chania qui se trouve à quelques kilomètres par la nouvelle route. Parking au bout du port, dans un secteur gardé par de nombreux chiens !

Promenade dans la vieille ville au fil des ruelles qui s’entrecroisent et des nombreux magasins qui les bordent. On a l’impression d’être dans un bazar oriental. Au passage, nous ne ne manquons pas de lorgner les assiettes des nombreux clients clients attablés dans les tavernes que nous trouvons sur notre chemin et nous voici chez Tamam pour un excellent dîner avec des spécialités nouvelles (et plus orientales) à découvrir. Après une courte errance nocturne, nous retrouvons notre logis. Heureusement notre chauffeur a le sens de l’orientation….

Mercredi 21 septembre

L’appartement est de bon standing, mais pas de petit déjeuner ! Heureusement on peut faire chauffer de l’eau pour un café et un thé. C’est frugal, mais le dîner copieux de la veille permet de tenir le coup !

Départ pour la presqu’île d’Akrotiri à l’est de la ville pour la visite du monastère d’Aghia Triada encore appelé Tzangarolon du nom de la famille vénitienne qui l’a fondé au 17ème siècle, c’est un lieu paisible dont le silence n’est troublé que par les avions qui décollent régulièrement de l’aéroport de Chania. On y entre même en short. Des chats innombrables nous tiennent compagnie durant toute la visite.

Un peu plus loin, le monastère de Gouvernetou est au programme , mais le mercredi c’est le jour de fermeture ! Nous revenons donc à Chania, en passant par la tombe d’E.Venezielos qui domine la ville sur la colline du Prophitis Ilias, où il avait choisi d’ être inhumé.

Le ciel s’assombrit alors que nous prenons un café sur le port, mais nous avons le temps d’atteindre le Musée archéologique installé dans l’ancienne église Saint François, basilique vénitienne du 14ème siècle. Très beau musée avec une présentation par sites du néolithique à l’époque romaine. On y voit des sarcophages et de la céramique de l’époque minoenne, de belles mosaïques (dont l’une représentant Dionysos et Ariane à Naxos) et des sculptures romaines de qualité. Sympathique exposition de jouets anciens des 19e et 20e siècles, mis en parallèle avec des jouets antiques dans une série de vitrines. Durant toute la visite, pluie battante à l’extérieur…

Le soleil revenu, nous reprenons la visite de la ville, des mosquées et églises Nous cherchons le marché couvert inauguré au moment où la Crète fut rattachée à la Grèce, de petites ouzeria permettent d’y déjeuner à bon prix. (Nous y dégustons de succulents beignets

d’aubergines mais aussi des bamies (cornes grecques) et des bifteki).

L’après-midi nous flânons dans les ruelles anciennes des quartiers juifs et de Kastelli qui domine le port. Recherche de souvenirs et achats pour les amis.

Découverte ethnographique des WC de la ville avec WC turc et vanne d’arrêt d’eau en guise de robinet. Café fredo sur le port, mais pas moyen de mettre la main sur du galatoboureko en tranche ! Pour faire passer cette déception gastronomique, nous achetons dans une boulangerie sur le chemin du retour un énorme éclair à la crème et des koulourakia.

Pour retrouver la voiture nous longeons le rempart encore très endommagé par les bombardements. En cours de route de nombreuses coutelleries proposent des couteaux crétois, mais nous craignons d’être arrêtés à l’aéroport si nous cédons à cette tentation !

Dîner plantureux dans un restaurant tout proche et le raki n’est pas de trop pour digérer tout cela. Une pluie d’orage arrive qui contraint les clients les plus exposés à se mettre à l’abri, mais nous rentrons à bon port sans être douchés.

Jeudi 22 septembre

Petit déjeuner à l’appartement grâce aux achats de la veille. Retour vers Rethymnon par la nouvelle route que nous quittons pour reprendre l’ancienne et passer par la montagne. Arrêt à Axos pour un café. Pas de chance pour l’expresso promis, une panne de courant affecte la localité. Donc pas de lumière non plus dans les pipi-rooms, on nous tend un lumogaz pour nous dépanner. Des touristes français croisent brièvement notre route et nous visitons l’église du village, fraîchement restaurée.

Nous décidons de visiter le monastère des Dioscures ! Cette appellation curieuse nous intrigue. Il s’élève apparemment sur un ancien temple dédié à Castor et Pollux. C’est un endroit charmant, où nous sommes accueillis par une dame qui est la mère du dernier moine, vivant ici. Panne de courant oblige, la visite d’une partie des lieux s’effectue à la bougie. Le monastère est petit et tout est resté en l’état, ce qui rend la visite bien plus émouvante et intéressante que dans les grands sites plus touristiques.

Nous grimpons ensuite vers Anogia, ville des bergers et des textiles qui fut entièrement détruite pendant la seconde guerre mondiale, suite à l’enlèvement d’un général allemand. Nous déjeunons sous un mûrier après un tour rapide dans les nombreuses boutiques de tissages et broderies où de vieilles femmes nous invitent avec insistance à entrer. Là aussi la nouvelle route a entraîné une certaine défection des touristes. Un vieux Crétois en costume attend les touristes pour se faire photographier avec eux.

Repas traditionnel : paidakia grillées au feu de bois, grossièrement découpées, mais succulentes, tzaziki, choriatiki et frites. A la table voisine des compatriotes, à qui on sert d’interprète pour commander leur repas. Tous les messieurs qui sont assis ou discutent au café ou sur la place manient le komboloi avec une adresse stupéfiante. A côté de l’église, nous admirons la superbe statue de Michalis Sylouris (Christomichalis), héros de la seconde guerre mondiale, tandis que des affiches célèbrent le chanteur Nikos Xilouris, originaire du village.

Passage par Tilissos pour découvrir le site archéologique indiqué sur la carte. En vain, pas de panneau et pas moyen de trouver le moindre vestige. Mais il y a fort heureusement une splendide fabrique de « vrais faux marbres antiques » dans la localité.

Retour à Héraklion en fin d’après-midi et quête de l’Hôtel Irini. Il est un peu difficile d’accès, mais le déplacement de quelques plots pour libérer le passage dans une rue en travaux (le tout sous l’oeil absent de deux policiers qui passent juste à ce moment-là) permet de régler le problème.

Installation puis balade dans les rues de la ville pour faire quelques achats et retrouver le café près de la fontaine vénitienne aux lions. Nous y dégustons la traditionnelle bougatsa, gâteau à la crème et à la cannelle. Un peu plus tard, dîner dans la rue 1866 dans l’ouzeri Peninda-Peninda, qui nous a été chaudement recommandé. Un dernier repas crétois avec pieuvre au vinaigre, beignets de courgettes, fromage saganaki, délicieuses paximadia et raki offert par le patron.

Vendredi 23 septembre

Grosse pluie battante vers 5 h du matin et réveil à 6 h 30 en ce jour de départ. Bouclage des valises et petit déjeuner rapide et banal (regrets !) à l’hôtel avant de prendre la route de l’aéroport. Restitution de la Clio sans problème puis recherche du guichet d’enregistrement… Deux heures plus tard, c’est fait après une très longue attente et de multiples péripéties en raison d’une mauvaise organisation des guichets; les voyageurs pour Bâle doivent deviner qu’il faut enregistrer leurs bagages au guichet Munich ! et de surcroît un seul détecteur à bagages est en service pour des centaines de voyageurs… Heureusement le contrôle de sécurité est plus rapide et l’avion peut décoller avec tous ses passagers à l’heure prévue. Le vol se déroule paisiblement, mais nous ne nous sentons pas rassasiés par le maigre sandwich offert par Air Berlin. !